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06/02/2022

Faiblesses de la "Société des gens de lettres"

  Nous vous proposons une recension, du livre Le Cauchemar de Hans Fallada, parue dans Paris Presse. Recension dont le seul « intérêt » réside dans le fait que l’auteur, Gérard Baueur, pompeusement affublé du titre de Président de la Société des Gens de Lettres ignore parfaitement qui est Hans Fallada, dont une dizaine de romans ont pourtant déjà été publié en France, depuis 1933 [voir notre Bibliographie_française]. L’ignorance de ce monsieur n’est pas due à son manque d’informations mais à la faute de l'éditeur qui aurait pu se fendre d’une notice bibliographique pour éviter à ce monsieur de se renseigner auprès de cette dite la Société des Gens de Lettres.

  Cette « ignorance » a d’ailleurs été relevée par le journal Combat, dans son numéro du vendredi 3 octobre 1947, où nous pouvons lire cet entrefilet :

« — Lu dans un confrère du soir sous la signature de M. Gérard Bauër, président de la Société des Gens de Lettres, à propos du roman « Le Cauchemar » de Hans Fallada : « Qui est Hans Fallada ?... Ce doit être un homme assez jeune et qui n’a pas connu l’Allemagne d’après l’autre guerre. Son roman comporte, en effet, une certaine ingénuité dans l’épreuve... Le couple de M. Hans Fallada... etc. ». Bien sur les critiques sont pressés. Tout de même un président de la Société des Gens de Lettres ignorer Hans Fallada, auteur d'une dizaine de romans et dont tous les journaux ont annoncé la mort en Allemagne, il y a quelques mois... »

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Paris Presse – quatrième année – N° 864 – Mardi 30 septembre 1947

Sur un livre allemand

« LE CAUCHEMAR », de Hans Fallada

Par Gérard BAUER Président de la Sociéte des Gens de Lettres.

Voici le premier roman écrit par un Allemand sur l’Allemagne vaincue, sur l’Allemagne souffrant les maux de la défaite. Qui est Hans Fallada, son auteur ? Aucune note, en marge du livre, ne nous l’apprend (quand donc les éditeurs français s’appliqueront-ils à accompagner toute traductions d’une courte biographie de l’écrivain étranger qu’ils nous présentent ?). L’auteur de « Le Cauchemar » (Le Portulan, édit.) doit être un homme assez jeune et qui n’a pas connu l’Allemagne d’après l’autre guerre. Son roman comporte en effet une certaine ingénuité dans l’épreuve ; il reproduit, sans souligner cette ressemblance, à peu près les mêmes traits d’abandon dans le désespoir que nous avons vu à l’Allemagne de 1923-1925.

Ce fut l’Allemagne du « Mal de la Jeunesse », l’Allemagne qui prête à la misère un romantisme noir, lui donna un goût de drogue et de morne sexualité… qui n’a pas vu Berlin à cette époque ne peut soupçonner dans quel abaissement total[1] peut sombrer une grande ville défaite. Le roman de M. Hans Fallada ne se situe pas exactement toutefois dans la même atmosphère. C’est l’histoire d’un couple, le docteur Doll et sa jeune femme qui sont pris – ils croyaient plutôt être délivrés – par la débâcle dans une toute petite ville assez peu éloignée de Berlin. Le docteur Doll n’avait pas été nazi. Il espère que l’occupation va créer une nouvelle Allemagne, et il accepte d’être le bourgmestre, dans la zone russe, après avoir tout d’abord rempli une tâche très humble. Il ne le demeure pas longtemps. La désagrégation sociale, la misère, les privations conduisent ce jeune couple à l’apathie totale, au refuge dans le néant de la drogue. L’Allemagne contemporaine a promu[2] les poisons en accessoires de la guerre et de l’action politique. La morphine, les excitants, les cyanures de mort auront fait partie de l’arsenal nazi, de sa pharmacopée guerrière. Depuis 1945, beaucoup d’Allemands ont pu comprendre, pour le souffrir eux-mêmes, « le cauchemar » dans lequel ils avaient enveloppé le monde depuis dix ans (mais il n’est pas certain qu’ils ont tiré une utile leçon de cette épreuve). Et d’aucuns ont choisi de « s’endormir » au creux de ce cauchemar.

Le couple de M. Hans Fallada finit par se guérir et tend à la résurrection. La fin du livre est une élégie au travail. « Le monde appartient aux « bien-pensants », y est-il écrit. Souhaitons que cette santé recouvrée ne serve pas encore une revanche.

Ce court roman, traduit par Mme Edith Thereau[3], n’est pas une grande œuvre : la perspective en est un peu trop réduite aux petits détails de la vie. Mais c’est une œuvre significative et la première qui nous fais pénétrer dans la familiarité de le l’Allemagne vaincue.

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Source : Gallica (BNF) : https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k2716881d/f2.item

 

[1] Mot difficilement lisible.

[2] Mot difficilement lisible

[3] La traductrice est Edith Vincent. Où donc l’auteur de la notule a-t-il été cherché ce nom ? il aurait pu se contenter de lire la page de garde de l’ouvrage !