ET PUIS APRES ?actualité littérature autour de Hans Fallada2023-12-15T18:15:51+01:00All Rights Reserved blogSpiritHautetforthttp://etpuisapres.hautetfort.com/Alain Chttp://etpuisapres.hautetfort.com/about.htmlNous avions un enfant (recension - 16 mai 1942)tag:etpuisapres.hautetfort.com,2023-06-18:64481942023-06-18T19:05:54+02:002023-06-18T19:04:00+02:00 Ci-dessous un recension du roman de Hans Fallada, Nous avions un enfant ,...
<p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 12pt;">Ci-dessous un recension du roman de Hans Fallada, <em>Nous avions un enfant</em>, par Louis Fournel. Cette recension a paru dans l'édition du 16 mai 1942 de L'Union Française, "hebdomadaire d'action pour une nouvelle France dans la nouvelle Europe". </span></p><p style="text-align: center;"><a href="http://etpuisapres.hautetfort.com/media/00/00/2356630514.jpg" target="_blank" rel="noopener"><img id="media-6455751" style="margin: 0.7em 0;" title="" src="http://etpuisapres.hautetfort.com/media/00/00/3100298199.jpg" alt="HF L'union Francaise - 16 mai 1942 (titre).jpg" /></a></p><p style="text-align: justify;"> </p><p><span style="font-size: 12.0pt; font-family: 'Times New Roman',serif;">L’UNION FRANÇAISE</span></p><p><span style="font-size: 12.0pt; font-family: 'Times New Roman',serif;">16 mai 1942 – Numéro 76 </span></p><p><span style="font-size: 12.0pt; font-family: 'Times New Roman',serif;"> </span></p><h1><strong><span style="font-size: 12.0pt; font-family: 'Times New Roman',serif; color: windowtext;">Le mouvement littéraire</span></strong></h1><p align="center"><strong><span style="font-size: 12.0pt; font-family: 'Times New Roman',serif;">« Nous avions un enfant »</span></strong></p><p align="center"><em><span style="font-size: 12.0pt; font-family: 'Times New Roman',serif;">par Hans Fallada</span></em></p><p align="center"><em><span style="font-size: 12.0pt; font-family: 'Times New Roman',serif;"> </span></em></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 12.0pt; font-family: 'Times New Roman',serif;">LA savoureuse histoire de Johannès Gaentschow, fils du paysan Malte Gaentschow, est inoubliable dans ses grandes lignes, comme dans ses moindres détails. Jamais Hans Fallada n’a fait preuve d’aussi précieuses qualités de poète et n’a prodigué, avec une telle sûreté, ses dons de créateur.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 12.0pt; font-family: 'Times New Roman',serif;">Dès les premières pages d’un livre imposant, tant par le nombre de ses pages que par la densité de sa matière, le lecteur ébloui fait amitié avec les ancêtres et le père de Johannès, ce petit paysan qui étudie chez le pasteur du village, en compagnie de la jeune Christiane, baronne de Fidde.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 12.0pt; font-family: 'Times New Roman',serif;">Le singulier contraste, formé par deux enfants de condition et de nature si différentes, pique la curiosité du lecteur. Le sauvage Johannès, rustre mal lavé et pus du tout peigné, a beaucoup de peine à s’habituer à Christiane, délicieuse petite fille portant des robes neuves et propres.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 12.0pt; font-family: 'Times New Roman',serif;">Une promenade sur la glace, qui se terminerait de tragique façon sans l’intervention du contrebandier Bullenberger, rapproche ces deux enfants que le destin se plaira à unir plus tard dans de communes souffrances.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 12.0pt; font-family: 'Times New Roman',serif;">La vie trépidante et pure de Christiane, dite Tia, et de son ami Johannès, est d’une séduction sans violence. Le sauvetage de Bullenberger par les deux adolescents et leur dévouement quotidien et secret à nourrir et soigner ce bandit blessé sont des modèles de présentation harmonieuse et pénétrante. L’énigmatique séjour de l’ennemi des contrebandiers et de la maréchaussée au château de Fidde, se termine tristement. Christiane malade quitte brusquement son ami et les paysages de son enfance.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 12.0pt; font-family: 'Times New Roman',serif;">Johannès passe alors trois années dans une petite ville de Poméranie et fait connaissance avec les difficultés de l’existence. Il travaille d’abord dans un atelier de réparation de chemins de fer, puis entre à l’école d’ingénieurs-mécaniciens de Stettin. Pour satisfaire ses besoins de soleil, de grand air et de liberté inhérents à ses vingt ans il quitte bientôt ce triste lieu et s’en va au gré de sa fantaisie sur les grandes routes du monde. Il rencontre en Hollande une troupe de jeunes lycéens grattant guitares et mandolines et chantant sur les places publiques de vieux airs populaires allemands. La vie insouciante et sans argent continue pour Johannès jusqu’au moment où les microbes de la fièvre typhoïde, devenant « maîtres de son corps gigantesque, mettent fin à ses rêves d’indépendance ».</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 12.0pt; font-family: 'Times New Roman',serif;">L’enfant prodigue revient au bercail et comprend alors qu’il ne doit pas résister à sa vocation de terrien. Avant d’être un paysan libre, il accepte les fonctions d’administrateur dans un vaste domaine de Basse-Poméranie. Par une pluvieuse journée d’automne, l’énergique, l’infatigable Johannes, fait la connaissance de la charmante Elise Schiltt, institutrice du village. Après de très longues fiançailles, ces deux êtres de natures si différentes, prennent en se jouant la décision d’unir leurs destinées. La jeune Elise, opprimée par une mère tyrannique, traitée de petite sotte par une sœur orgueilleuse, s’accommode fort bien d’une vie étroite en compagnie de Johannes. Elle aime d’un amour Infini son mari ombrageux, solitaire et dont le caractère extrêmement difficile lui réserve maintes surprises. Johannes attend joyeusement l’enfant que va lui donner Elise, lorsqu’une fausse couche, provoquée par un stupide accident, suscite en lui une douleur profonde et une rage désespérée. C’est à ce moment qu’une lettre du maire de Fiddichow annonce h Johannes Gaentschow le double décès de son père et de son frère et la ruine presque complète de l’exploitation familiale.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 12.0pt; font-family: 'Times New Roman',serif;">Pour la seconde fois, l’enfant prodigue arrive dans la maison de sa jeunesse et relève courageusement une ferme ruinée par l’incurie maternelle. Durant tous ces mois de dur travail commun. Elise aide son mari à la réalisation de tous ses plans et l’on constate même une sensible amélioration dans leurs rapports quotidiens. En allant voir le tombeau de son père dans le vieux petit cimetière communal, Johannes rencontre Christiane qui n’a jamais cessé d’occuper son esprit.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 12.0pt; font-family: 'Times New Roman',serif;">« Oh ! Hannes ! Hannes ! Tu es donc toujours rétif comme un bélier, et, au risque de devenir la risée du pays, il faut que je coure après toi dans ma robe à traîne. Oh ! Hannes, qui aurait pensé, il y a quatorze ans, que l’on se retrouverait ainsi ! » Et voilà maintenant qu’elle pleure pour de bon.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 12.0pt; font-family: 'Times New Roman',serif;">— Christiane ! Tia ! dit-il d’une voix blanche, mais c’est plutôt un mouvement des lèvres qu’un langage. Tia ! ô mon Dieu ! Et il la regarde fixement.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 12.0pt; font-family: 'Times New Roman',serif;">Johannes a constamment évoqué la fillette qui avait seize ans lors de leur séparai ion ; mais c’est une belle femme qui lui apparaît. Il croit voir une sœur aînée de sa compagne de jadis, une sœur plus mûre, plus belle, plus charmante. Et le prénom aimé de Tia ne résonne plus que comme un écho des temps évanouis. Dès la première minute, Elise Comprend que l’inévitable vient de se produire. Elle cherche dans l’alcool l’oubli de son chagrin et de sa lancinante jalousie. Christiane, qui a supporté autrefois la mauvaise humeur, l’entêtement et le caractère impérieux de Johannes, l’aimé depuis toujours, sans se l’avouer à elle-même et, sans le confier à Wendland son mari.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 12.0pt; font-family: 'Times New Roman',serif;">Maintenant, qu’il est assis à côté des Wendland, Johannes oublie Elise et la ferme, Warder. Tout, cela n’était plus rien et depuis longtemps avait cessé d’exister. Il ne s’y intéressait, plus. Jusqu’alors il lui était arrivé de penser à l’Elise d’autrefois, celle qui habitait la maison d’école de briques rouges. C’est bien fini maintenant. Peut-être la lui a-t-elle trop souvent rappelée dans ses entretiens, et dans toutes ses lettres avec un sourire qui paraissait surgir de l’ombre du passé.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 12.0pt; font-family: 'Times New Roman',serif;">Mais Tia ! Quelle différence ! Sa jeunesse fleurit toujours plus rayonnante que jamais et sur tous les sarments bourgeonnent les roses ! De quelle vitalité elle est douée ! Elle évoque ses souvenirs de classe :</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 12.0pt; font-family: 'Times New Roman',serif;">« Mais oui, Hannes, personne mieux que toi ne pouvait prendre un air innocent quand tu proposais de faire une bonne farce. »</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 12.0pt; font-family: 'Times New Roman',serif;">Christiane qui a quitté son mari et Johannes qui a abandonné sa femme, vivent désormais dans une humble maison au bord d’un lac du Mecklenbourg. Tiennes comprend soudain l’inutilité de sa vie et songe pour la première fois, depuis huit mois, à sa ferme de Warder. Il retourne donc une fois de plus au pays natal afin de permettre à Elise de s’éloigner et à Christiane de s’installer, mais son épouse, dans un dernier sursaut dé jalousie, a fait couper tous les arbres et a dépouillé Warder de tous ses meubles, de toutes ses récoltes et de tous ses instruments de travail.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 12.0pt; font-family: 'Times New Roman',serif;">Grâce à l’argent prêté par un usurier, Johannes, fils de cultivateur, redevient paysan et s’installe dans sa vieille maison familiale. Lui, qui est débordant de haine et de mépris pour l’humanité, « peut courber tendrement une fleur, en examiner la structure et, la laisser ensuite avec précaution reprendre sa position initiale. Il goûte la terre avec piété et un champ bien labouré le met en extase ». Au milieu des occupations journalières de Johannes, surgit à l’horizon de sa pensée l’image de Christiane, cette Tia qui fut la compagne de son enfance, l’amie de son adolescence et la femme aimée de l’âge mûr. Demain, Tia sera la mère choyée de son enfant. Par suite de la trop grande rapidité de l’accouchement, une hémorragie cérébrale emporte au royaume des ombres la petite fille de Gaentschow et de Christiane.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 12.0pt; font-family: 'Times New Roman',serif;">Sur la prière de Christiane et de son mari l Johannes regagne la ferme de Fiddichow, emportant dans ses bagages « une robe d’enfant toute neuve », ultime témoignage d’un grand amour et d’une vaine cruauté du destin. L’intraitable Gaentschow, dont « personne ne peut prévoir ce qu’il fera l’instant d’après », découvre trop tard qu’il peut « aimer, mais réduit à l’impuissance par les chaines qu’il s’est lui-même forgées ».</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 12.0pt; font-family: 'Times New Roman',serif;">Voilà la charpente sur laquelle Hans Fallada a construit un monument, dont la sobriété n’a d’égale que l’élégance des lignes. Le moindre détail décèle la probité et l’intelligence. Rien n’est laissé au hasard dans ce roman harmonieux et émouvant. Pour bien marquer, par exemple, le caractère de son héros principal, Infidèle à lui-même’ dès qu’il entre en relations avec ses concitoyens, Hans Fallada se sert de la plus merveilleuse gradation. La première fois Johannes revient, de Hollande avec son père, la seconde fois avec Elise son épouse et la troisième fois seul, face avec son rude destin.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 12.0pt; font-family: 'Times New Roman',serif;">Malgré d’immenses défauts on ne peut s’empêcher d’accorder une amicale sympathie à Johannes Gaentschow. Son besoin d’ordre, son invincible confiance dans les saisons à venir nous ouvrent, la porte d’un royaume terrien où l’homme, par son finir et son intelligence, aide à l’épanouissement de la création. Par son travail, il vivifie comme Johannes Gaentschow dans sa forme la montée de la sève, et s’assure de pacifiques victoires sur la mère-nature.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 12.0pt; font-family: 'Times New Roman',serif;">Émile Henriot disait récemment, en parlant des ouvrages du solitaire Estaunié : « Une fois entré dans un de ses romans, ce n’est plus vous qui tenez le livre, c’est le livre qui vous tient et ne vous lâche plus par un accent de vérité irrécusable devant tout ce que ses complexes personnages ont en eux-mêmes qu’ils ignoraient et que le drame met au jour. » Si des romans comme <em>L’ascension de M. Baslèvre</em> ou <em>Les choses voient</em> sont des merveilles de séduction, d’agencement et de scènes aussi naturelles qu’imprévues, il est juste d’affirmer qu’un récit tel que <em>Loup parmi les loups</em> ou qu’une fantaisie poétique telle que <em>Vieux cœur en voyage</em> tiennent le lecteur en haleine jusqu’au dénouement.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 12.0pt; font-family: 'Times New Roman',serif;">Félicitons et remercions chaudement Paul Genty de nous avoir offert l’agréable et fidèle traduction d’un livre qui, dès 1934, attira sur son auteur l’attention des lettrés et du grand public allemand.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 12.0pt; font-family: 'Times New Roman',serif;">Chaque page de <em>Nous avions un enfant </em>porte la marque d’un illustre écrivain allemand trop longtemps ignoré en France. À nous de comprendre le capiteux mélange d’observations, de descriptions et d’évocations que nous offre chaque page d’un poignant récif où tous les caractères sont dessinés d’un trait juste. À nous de comprendre l’émouvante et apaisante leçon que toute œuvré d’art impose à un esprit, non prévenu.</span></p><p align="right"><span style="font-size: 12.0pt; font-family: 'Times New Roman',serif;">Louis FOURNEL.</span></p><p><em><span style="font-size: 12.0pt; font-family: 'Times New Roman',serif;">Nous avions un enfant</span></em><span style="font-size: 12.0pt; font-family: 'Times New Roman',serif;">, par Hans Fallada, traduction Paul Genty. Edition Albin Michel.</span></p><p style="text-align: center;"><a href="http://etpuisapres.hautetfort.com/media/01/02/1496223164.jpg" target="_blank" rel="noopener"><img id="media-6455752" style="margin: 0.7em 0;" title="" src="http://etpuisapres.hautetfort.com/media/01/02/3248229050.jpg" alt="HF L'union Francaise - 16 mai 1942 (article).jpg" /></a></p>
Alain Chttp://etpuisapres.hautetfort.com/about.htmlLA FANTAISIE ET LE RÉALISME DE HANS FALLADA par Marcel BRION (1937)tag:etpuisapres.hautetfort.com,2023-05-01:64410532023-05-01T19:51:09+02:002023-05-01T19:51:09+02:00 LES NOUVELLES LITTÉRAIRES – N° 792 – Samedi 18 décembre 1937. LES...
<p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 12.0pt; font-family: 'Times New Roman',serif;">LES NOUVELLES LITTÉRAIRES – N° 792 – <span style="color: black;">Samedi 18 décembre 1937.</span></span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 12.0pt; font-family: 'Times New Roman',serif; color: black;">LES LETTRES ALLEMANDES</span></p><p style="text-align: center;"><a href="http://etpuisapres.hautetfort.com/media/00/02/146878421.jpg" target="_blank" rel="noopener"><img id="media-6443732" style="margin: 0.7em 0;" title="" src="http://etpuisapres.hautetfort.com/media/00/02/1667132543.jpg" alt="Les Nouvelles litteraires 1937 (titre).jpg" /></a></p><h1 style="text-align: justify;"><span style="font-size: 12.0pt; font-family: 'Times New Roman',serif; color: black;">LA FANTAISIE ET LE RÉALISME DE HANS FALLADA</span></h1><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 12.0pt; font-family: 'Times New Roman',serif;">Dans une petite notice biographique, dis simulée à l’intérieur de la couverture de son dernier livre, M. Hans Fallada confesse lecteur que son rêve est de réaliser, dans sa petite ferme, le meilleur verger et le meilleur jardin potager de toute la région. Je crois que ce souhait est absolument sincère, et qu’il ne dissimule pas, comme cela arrive quelquefois, le besoin qu’éprouve un écrivain de s’évader loin de sa table, loin de ses livres, pour retrouver le contact avec la terre. Les différentes professions que M. Hans Fallada a exercées avant de se consacrer exclusivement à la littérature et l’'agriculture, l’ont conduit dans des activités aussi diverses que celle du veilleur de nuit, d’un pauvre diable que la fatalité ramène du courtier de publicité, du journaliste. Il eût même failli continuer les traditions juridiques de sa famille, si l’amour de la terre n’avait été plus puissant. Voici donc un romancier qui vit aux champs, en participant aux travaux des champs, et qui est plus fier, peut-être, de ses légumes que de ses livres.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 12.0pt; font-family: 'Times New Roman',serif;">Quoique la curiosité anecdotique qui s’at tache à la vie privée de l’écrivain en général, n’ait rien à faire avec la critique, il n’est pas tout à fait inutile cependant, pour juger exactement les livres de M. Fallada, de se représenter les circonstances dans lesquelles ils ont été écrits.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 12.0pt; font-family: 'Times New Roman',serif;">Le succès commence avec un roman, en 1931, à l’époque où des troubles agraires assez sérieux inquiétaient l’Allemagne. Va-t-on assister à une nouvelle Guerre des Paysans ? M. Hans Fallada a suivi comme journaliste un des procès intentés à des ligues dote est extravagante autant qu’on la peut de cultivateurs indociles. L’expérience qu’il en rapporte nous vaut un livre puissant, coloré, savoureux. <em>Bauern, Bonzen and Bomben, </em>que l’on peut lire aussi comme un document historique.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 12.0pt; font-family: 'Times New Roman',serif;">Le deuxième roman de M. Fallada a été traduit, je crois, dans presque toutes les langues ; c’est l’histoire d’un jeune homme qui, semblable à un moucheron pris dans une tempête, se débat contre le chômage, la misère, et tous les supplices d’une époque d’économie démente. <em>Kleiner Mann, was nun?</em> a rencontré dans tous les pays un égal succès ; la traduction française a paru aux éditions de la N.R.F. C’est un livre généreux et simple, d’une humanité si directe, si touchant et, en même temps, si divertissant, que l’on songe à certains films de Charlie Chaplin où l’on passe brusquement du rire aux larmes. Les déboires du jeune Pinneberg, cahoté par la fatalité de catastrophe en catastrophe, gardent un arrière-plan tragique, car la misère est toujours là, mais il y a tant de bonne humeur, de résignation, d’espoir, de courage et d’inconscience dans cette lutte contre le destin que <em>Kleiner Mann, was nun?</em> peut être un livre d’une portée aussi universelle que, disons, <em>Don Quichotte.</em></span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 12.0pt; font-family: 'Times New Roman',serif;">Il en est de même de <em>Wir hatten mal ein Kind</em>, qui, avec moins de diffusion, pourtant, que le roman précédent, garde les mêmes caractères d’intérêt universel. Mais le naturalisme, toujours inspiré de cette volonté de vérité qu’il y a dans les romans de M. Hans Fallada, aboutit à un réalisme poétique, dû probablement à ce que les personnages sont plus profondément éprouvés et modelés que les Pinneberg, à ce que le sens de la nature et de la maternité, aussi, introduisent un élément de salut qui jus- ses livres, pour retrouver le contact avec la qu’alors lui faisait défaut.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 12.0pt; font-family: 'Times New Roman',serif;">Je ne mentionne que pour mémoire, encore que le livre soit très intéressant, le roman intitulé <em>Wer einmal aus dem Blechnapf frisst</em>, où l’on assiste aux mésaventures d’un pauvre diable que la fatalité ramène toujours en prison depuis qu’il en est sorti, et qui, à force de résister vainement contre ce courant hostile, finit par retrouver dans sa cellule une sorte d’apaisement et de tranquillité qu’il n’avait plus jamais connus depuis sa libération. Mais ce roman est, au fond, infiniment douloureux et pessimiste, car rien ne l’éclaire, ni la nature, ni l’amour, ni l’espoir.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 12.0pt; font-family: 'Times New Roman',serif;">Et voilà tout à coup la révélation d’un aspect nouveau de ce talent. Un conte fantastique, comme les aimaient les Romantiques, un véritable <em>Mærchen </em>dans la meilleure tradition des conteurs allemands. Arnim ou Tieck ou Hoffmann n’auraient sans doute pas désavoué cette histoire de sorcières et de magiciens, écrite avec tant d’ironie et ce sens savoureux de la vie paysanne qui n’abandonne jamais M. Hans Fallada. L’anecdote est extravagante autant qu’on la peut souhaiter, et d’une délicieuse invraisemblance, mais comme l’auteur garde toujours le contact avec le réel, dans ses descriptions de nature et ses portraits de paysans, on éprouve en lisant le<em> Mærchen vom Stadtschreiber der aufs Land flog</em> — M. Fallada garde une prédilection pour les titres longs, un peu archaïsants — ces plaisirs nombreux, que le mélange de la fantaisie la plus libre et de la véridique observation.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 12.0pt; font-family: 'Times New Roman',serif;">Cette note très personnelle de réalisme poétique qui se manifeste alors dans l’œuvre de M. Fallada se développe d’une façon magistrale dans son plus récent roman, celui vient de paraître aux Éditions Rowohlt de Berlin, qui ont publié aussi tous ses autres livres. C’est une drôle d’idylle ironique que cette aventure d’un « vieux cœur qui s’en va en voyage »... Un livre délectable, exquis, et le plus falladien, car il y a maintenant une « manière Fallada », — et je ne l’entends point au sens péjoratif. Je veux dire que cette manière de regarder les paysages et les êtres, cette manière de conter, aussi est quelque chose de très nouveau et que chaque page de M. Fallada porte l’empreinte très nette de sa personnalité.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 12.0pt; font-family: 'Times New Roman',serif;">Les occasions de nous attendrir et de nous divertir ne manquent pas dans <em>Altes Herz geht auf die Reise</em>. Il y a là un vieux professeur qui ressemble, jusqu’à la caricature, à la silhouette traditionnelle du savant allemand, distrait, naïf comme un enfant malgré toute son érudition, qui découvre soudain la nature, les bois, les prés, et abandonne alors les massifs commentaires sur l’Apocalypse pour une ferme entre un lac et une forêt de sapins. M. Fallada a fait du professeur Kittguss une silhoue1tte drolatique, un peu chargée évidemment, mais comme tout le livre est porté sur le plan du réalisme poétique et de la fantaisie, ce côté marionnette même ne déplaît pas. L’innocence de l’homme de la ville au milieu des sombres et brutales ruses des paysans renverse agréablement les données coutumières de l’idylle.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 12.0pt; font-family: 'Times New Roman',serif;">Mais ce qu’il y a de meilleur dans le livre, c’est la conjuration des enfants du village efficace contre les méchants fermiers qui maltraitent la petite Rosemarie. Ces conjurations enfantines sont un thème assez fréquent dans la littérature allemande. On y retrouve, probablement, une sorte de nostalgie de l’enfance qui hante certains auteurs, et dans ce genre, il existe un roman de M. Wilhelm Speyer, <em>Der Kampf der Tertia</em>, beaucoup moins connu qu’<em>Émile et les Détectives, </em>que l’on a répandu en France par la traduction et le film, mais incontestablement supérieur, et, à mon avis, le meilleur roman de M. Speyer, quoique son plus récent ouvrage, <em>Zweite Liebe, </em>publié par la Querido Verlag d’Amsterdam, soit une œuvre à la fois charmante et douloureuse, dont j’espère parler plus longuement un jour.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 12.0pt; font-family: 'Times New Roman',serif;">À l’exception de certains épisodes paysans, il n’y a plus rien ici de ce réalisme âpre et douloureux, dont l’ironie masquait mal le pessimisme, qui existait dans les premiers romans de M. Fallada. Il manque aussi à ce roman le pur fantastique du clerc changé en oiseau. Mais ce nouveau livre est intéressant justement par les perspectives imprévues qu’il nous révèle sur le développement de cet écrivain dont le remarquable talent possède autant de versatilité que de force. Sa pensée et son art s’orientent de plus en plus vers une interprétation réaliste-idyllique de la vie dont la nouveauté, même, est extrêmement séduisante.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 12.0pt; font-family: 'Times New Roman',serif;">L’observation pure, en effet, ne suffirait pas à lui dicter ces types de paysans comme le gros fermier qui, chaque année, se fait peser pour distribuer aux indigents l’équivalent de son poids en jambons, saucisses, plaques de lard... Cela nous vaut un chapitre où la cérémonie de la pesée est décrite avec une verve et une énergie rabelaisiennes, dans un mouvement rapide et bouffon, propre à Fallada. Je ne sais si l’auteur a rencontré jamais un semblable fermier, mais qu’il l’ ait créé, cela révèle encore mieux le sens profond qu’il a des arrière-plans singuliers de la vie villageoise. Et surtout, cette fantaisie se mêlant perpétuellement au réalisme des caractères et des épisodes, dé chaîne ces caprices burlesques, auxquels la simplicité savoureuse et solide de son art enlève toute impression gênante d’artifice.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 12.0pt; font-family: 'Times New Roman',serif;">Dans cette atmosphère d’idylle ironique, soudain la nature, les bois, les prés, et aban- nous ne cherchons plus la vérité absolue des individus et des situations. Nous acceptons la convention que l’auteur pose comme postulat, et, résolus, alors, à suivre les cheminements de sa fantaisie partout où elle voudra nous conduire, nous l’accompagnons dans cette étourdissante bouffonnerie sans éprouver un seul moment de lassitude.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 12.0pt; font-family: 'Times New Roman',serif;">Cela tient à ce que le récit est mené avec une puissance et une franchise qui captivent le lecteur. Nous consentons au jeu, parce que ce jeu est d’une qualité infiniment rare et précieuse, et que les caprices de cet écrivain possèdent une force de conviction si efficace qu’on ne saurait, sans se priver d’un plaisir, refuser de se laisser convaincre. Il est extrêmement difficile d’analyser ce plaisir, parce qu’il dépend justement d’un sentiment de gratuité enfantine qui invente un réel au delà de la réalité et l’intronise comme suprême vérité.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 12.0pt; font-family: 'Times New Roman',serif;">Pourquoi pas ? Si ce livre est un conte, dépourvu, par définition, de toute prétention naturaliste, c’est-à-dire de toute ambition naturaliste, c’est-à-dire de toute ambition de nous faire admettre comme vérité objective ce qui est pure création, pourquoi ne pas entrer, à notre tour, dans le jeu, en abdiquant toute volonté critique entre les mains du meneur de jeu ? Le caractère principal de ce roman, en effet, est de nous donner avant tout un divertissement, dans le sens où l’on disait, au XVIII<sup>e</sup> siècle, <em>divertimento</em>, en parlant d’une certaine forme musicale, dont il était entendu qu’elle n’engageait pas la passion, et que l’esprit y jouait librement avec la fantaisie.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 12.0pt; font-family: 'Times New Roman',serif;">Je veux bien que cette histoire idyllique-ironique ne soit qu’un divertissement, et bien sot qui refuserait de se divertir aussi agréablement ! Tout y finit bien, ainsi que cela se produit toujours dans les contes et jamais dans la vie ; faut-il en conclure que le livre n’est pas <em>vrai ?</em> Si l’on examine alors certains épisodes, on constate que la vie paysanne a rarement été décrite d’une manière aussi exacte et objective. Mais M. Fallada, qui connaît bien la campagne et ses habitants, puisqu’il est a la fois agriculteur et écrivain, sait qu’au delà de cette pas réalité superficielle il existe des profondeurs impénétrables à celui qu’une longue période de séjour au village n’a pas préparé à les reconnaître.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 12.0pt; font-family: 'Times New Roman',serif;">Il n’a pas poussé très loin, même, cette aptitude au fantastique qui en fait le fond, et qui contient d’extraordinaires possibilités. Il y fait allusion d’une manière assez évasive, à certains moments du récit.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: 'Times New Roman', serif; font-size: 12pt;">Hans Fallada nous laisse espérer, à la fin de son livre, que nous retrouverons probablement ses personnages dans une nouvelle histoire. Tant mieux. J’attends avec impatience la réalisation de cette promesse.</span></p><p style="text-align: right;" align="right"><span style="font-size: 12.0pt; font-family: 'Times New Roman',serif;">Marcel BRION</span></p><p style="text-align: center;"><a href="http://etpuisapres.hautetfort.com/media/00/00/3663234680.jpg" target="_blank" rel="noopener"><img id="media-6443733" style="margin: 0.7em 0;" title="" src="http://etpuisapres.hautetfort.com/media/00/00/4025536900.jpg" alt="Les Nouvelles litteraires 1937 (article).jpg" /></a></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 12.0pt; font-family: 'Times New Roman',serif; color: black;"> </span></p>
Alain Chttp://etpuisapres.hautetfort.com/about.htmlNouvelle recension du roman Et puis après ? (1934)tag:etpuisapres.hautetfort.com,2023-02-04:64265802023-02-04T18:57:02+01:002023-02-04T18:57:02+01:00 L’ORDRE – Vendredi 2 mars 1934 – Numéro 1533 Sous le...
<p><span style="text-decoration: underline;"><span style="font-size: 13.5pt; font-family: 'Times New Roman', serif; color: black; text-decoration: underline;">L’ORDRE – Vendredi 2 mars 1934 – Numéro 1533</span></span></p><p style="text-align: center;"><a href="http://etpuisapres.hautetfort.com/media/02/00/2169345630.jpg" target="_blank" rel="noopener"><img id="media-6422471" style="margin: 0.7em 0;" title="" src="http://etpuisapres.hautetfort.com/media/02/00/3556793648.jpg" alt="HF L Ordre 1934 (titre).jpg" /></a></p><p><span style="font-size: 13.5pt; font-family: 'Times New Roman',serif;"> </span><strong><span style="font-size: 12.0pt; font-family: 'Times New Roman',serif; color: windowtext;">Sous le coupe-papier</span></strong></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 12.0pt; font-family: 'Times New Roman',serif;">Hans Fallada, <em>Et puis après</em> (N. R. F.). — Ce roman d’un sans-travail, publié d’abord dans la <em>Vossische Zeitung</em>, obtint un succès exceptionnel en Allemagne — plus de 100.000 exemplaires vendus au cours d’une année, et cela en temps de crise ! — parce que l’auteur ne débite pas une fois de plus un « Weltanschauungsroman », c’est-à-dire qu’il ne prend pas pour point de départ une idée autour de laquelle il groupe des personnages. Fallada nous raconte simplement sa propre histoire, l’histoire d’un petit employé, d’un petit vendeur qui n’est ni intéressant, ni important, un être quelconque, sans traits caractéristiques, insignifiant presque, mais dont le sort est le sort de tous. Et c’est là la cause du grand succès de ce livre. Dans un temps plein d’incertitude et de menace, chacun y retrouve des analogies et des affinités avec son propre sort, chacun sent qu’il est, lui aussi, la victime — ou la victime possible — d’événements et de circonstances anonymes contre lesquels il reste impuissant, sans défense. Atmosphère lourde, grise, chargée d’explosifs et au-dessus de laquelle plane sans cesse le spectre terrifiant : le chômage. Allemagne d’aujourd’hui où chacun se demande : à quand mon tour ? Un seul soutien au milieu de tant d’instabilité : l’amour d’une petite ouvrière qui devient une femme et une mère pleine de bon sens et de courage. Elle calme les inquiétudes, répand de la gaîté. Lorsque l’homme, faible et inerte, héros qui n’a rien d’héroïque, sera près de succomber, elle sera là et présence suffira.</span></p><p align="right"><strong><span style="font-size: 12.0pt; font-family: 'Times New Roman',serif;">Jean qui lit.</span></strong></p><p style="text-align: center;"><a href="http://etpuisapres.hautetfort.com/media/00/02/2962376028.jpg" target="_blank" rel="noopener"><img id="media-6422472" style="margin: 0.7em 0;" title="" src="http://etpuisapres.hautetfort.com/media/00/02/3385799978.jpg" alt="HF L Ordre 1934 (article).jpg" /></a></p><p align="right"> </p>
Alain Chttp://etpuisapres.hautetfort.com/about.htmlLilly and Her Slavetag:etpuisapres.hautetfort.com,2023-01-28:64252092023-01-28T15:01:21+01:002023-01-28T15:01:21+01:00 We totally missed to relay that info: the publication of Lilly and...
<p style="text-align: justify;"><span style="font-family: arial, helvetica, sans-serif; font-size: 12pt;">We totally missed to relay that info: the publication of <em>Lilly and Her Slave </em>in 2022, at Scribe Publications, in London (translated by Alexandra Roesch).</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: arial, helvetica, sans-serif; font-size: 12pt;">That book contains several unpublished stories discovered recently in 2020 (see below the Editorial Note).<br /></span></p><p><span style="font-family: arial, helvetica, sans-serif; font-size: 12pt;">These stories are:</span></p><p><span style="font-size: 12pt; font-family: arial, helvetica, sans-serif;">Robinson in Prison<br /></span><span style="font-size: 12pt; font-family: arial, helvetica, sans-serif;">The Machinery of Love<br /></span><span style="font-size: 12pt; font-family: arial, helvetica, sans-serif;">Lilly and Her Slave<br /></span><span style="font-size: 12pt; font-family: arial, helvetica, sans-serif;">The Great Love<br /></span><span style="font-size: 12pt; font-family: arial, helvetica, sans-serif;">Pogg, the Coward<br /></span><span style="font-size: 12pt; font-family: arial, helvetica, sans-serif;">Who Can Be the Judge?</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 12pt; font-family: arial, helvetica, sans-serif;">These is an important complement to already published stories from Hans Fallada, making the bibliography almost complete, for our delightment!</span></p><p><span style="font-size: 12pt; font-family: arial, helvetica, sans-serif;">The Editorial Note brings enough details so that it is important to mention here:</span></p><p> </p><p style="text-align: center;"><a href="http://etpuisapres.hautetfort.com/media/00/00/2321634186.jpg" target="_blank" rel="noopener"><img id="media-6420558" style="margin: 0.7em 0;" title="" src="http://etpuisapres.hautetfort.com/media/00/00/2667998922.jpg" alt="HF_Lilly and her Slave.jpg" /></a></p><p><strong><span style="font-size: 12.0pt; font-family: 'Arial',sans-serif;">EDITORIAL NOTE</span></strong></p><p><span style="font-size: 12.0pt; font-family: 'Arial',sans-serif;">By Johanna Preuβ-Wössner and Peter Walther</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 12.0pt; font-family: 'Arial',sans-serif;">The stories published in this volume are based on the manuscripts found in the evaluation reports of forensic psychiatrist Ernst Ziemke in the case of Rudolf Ditzen, who we know as Hans Fallada. The file was discovered by Johanna Preuβ-Wössner in the State Archive in Schleswig, and was analysed by her and Jan Armbruster for the first time in the article ‘The forensic-psychiatric evaluation of the writer Hans Fallada by the forensic pathologist Ernst Ziemke in 1926’ <a href="#_ftn1" name="_ftnref1">[1]</a> (in <em>Archives of Criminology</em>, 245 [2020], pp. 118-33).</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 12.0pt; font-family: 'Arial',sans-serif;">In addition to Ziemke’s expert report, the file also contained a handwritten and typewritten version of a letter from Fallada to Ziemke; transcripts of letters from Fallada to his parents and his aunt Adelaide Ditzen; a note from the Berlin police headquarters; and copies of the preliminary psychiatric report as well as the literary works printed here.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 12.0pt; font-family: 'Arial',sans-serif;">Upon being imprisoned in Kiel, Fallada wrote his stories in ink on lined writing paper. He folded (at least five) large-format sheets of paper in half, and combined these to form a bundle of papers. <em>Lilly and Her Slave </em>consists of 18 handwritten pages, taking up one of the bundles thus created. <em>Robinson in Prison </em>(pp. 1–3), <em>Pogg, the Coward</em> (pp. 3–10), and <em>The Great Love</em> (pp. 10–46) are written in succession, filling another bundle. <em>The Machinery of Love</em> comprises 65 separate pages, again taking up one bundle.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 12.0pt; font-family: 'Arial',sans-serif;">The texts <em>Lilly and Her Slave</em> and <em>Robinson in Prison</em> are published here for the first time. The stories <em>The Machinery of Love </em>and <em>The Great Love</em> are adapted from manuscripts preserved in the archive of the Academy of Arts in Berlin and published in a different text form: <em>Hans Fallada, Frühe Prosa in zwei Bändern, Band 2, </em>edited by Günter Caspar (Aufbau Verlag, Berlin, 1993, pp. 113–74 and pp. 175–280). <em>Pogg, the Coward</em> was adapted (also in different text form) from a manuscript preserved in the Hans Fallada Archive in Carwitz: <em>Hans Fallada, Junge Liebe zwischen Trümmern</em>, ed., with a postscript by Peter Walther (Aufbau Verlag, Berlin 2018).</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 12.0pt; font-family: 'Arial',sans-serif;">In the case of the manuscripts of the short stories <em>The Machinery of Love</em> and <em>Pogg, the Coward</em>, found among Ziemke’s evaluation reports, these are revisions of the previously known text versions. Fallada made changes to the text throughout, mainly to improve the precision of expression and the rhythm of the sentences, including changes in punctuation, as well as corrections of errors or mistakes and the deletion of redundant narrative elements.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 12.0pt; font-family: 'Arial',sans-serif;">An additional, different ending exists to the early version of <em>The Machinery of Love</em>, which Fallada either wrote before the improved version printed here or, more likely, at a time when he no longer had a copy of the earlier story to hand.</span></p><p style="text-align: justify;"><em><span style="font-size: 12.0pt; font-family: 'Arial',sans-serif;">Robinson in Prison </span></em><span style="font-size: 12.0pt; font-family: 'Arial',sans-serif;">and <em>Lilly and Her Slave </em>only exist in the text form found in the Ziemke file. The latter manuscript shows formal similarities with the manuscripts of the early text versions of <em>The Machinery of Love, The Great Love,</em> and <em>Pogg, the Coward</em>, which is evident in the similarities in handwriting, paper, page layout, pagination, and even in the characteristic fold of the manuscripts. Part of the same group of manuscripts is the previously unpublished Fallada manuscript <em>Who Can Be the Judge?</em>, which, however, was not found in the court file. It is included here because of its proximity in terms of content and time of creation.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 12.0pt; font-family: 'Arial',sans-serif;">The biographical references in <em>Pogg, the Coward</em> to the experiences Fallada had recently had himself indicate that the author wrote this story during his imprisonment in Kiel. Therefore, the revision printed here must also have been written on the same continuous bundle of papers as <em>Robinson in Prison</em> and <em>The Great Love</em>, this then also applies to the revision of these stories. Whether the formal similarities found in <em>Lilly and Her Slave </em>and in the manuscripts of the earlier text versions of <em>Pogg, the Coward </em>and <em>The Great Love </em>also mean that all of these texts were written in custody in Kiel remains unclear.</span></p><p> </p><p><span style="font-family: arial, helvetica, sans-serif; font-size: 10pt;"><a href="#_ftnref1" name="_ftn1">[1]</a> Original title: <em>Die forensisch-psychiatrische Begutachtung des Schriftstellers Hans Fallada durch den Gerichtsmediziner Ernst Ziemke im Jahr 1926</em> [Ed Note].</span></p>
Alain Chttp://etpuisapres.hautetfort.com/about.htmlUn grand romancier populaire, par Eugène Bestaux (9 septembre 1943)tag:etpuisapres.hautetfort.com,2023-01-14:64223372023-01-14T11:07:15+01:002023-01-14T11:07:15+01:00 Recension de Gustave de Fer parue dans L’ UNION...
<p><span style="font-family: 'times new roman', times, serif; font-size: 12pt;">Recension de <em>Gustave de Fer </em>parue dans </span><span style="font-size: 12.0pt; font-family: 'Times New Roman',serif;"><span style="font-family: 'times new roman', times, serif;">L’</span>UNION FRANÇAISE - Numéro 141 – 9 septembre 1943.<br /><br /></span></p><p style="text-align: center;"><a href="http://etpuisapres.hautetfort.com/media/00/01/1264589972.jpg" target="_blank" rel="noopener"><img id="media-6416588" style="margin: 0.7em 0;" title="" src="http://etpuisapres.hautetfort.com/media/00/01/1878941051.jpg" alt="HF Union française 1943 (couverture).jpg" /></a></p><p><span style="font-size: 12.0pt; font-family: 'Times New Roman',serif;">A l’occasion de son 50<sup>e</sup> anniversaire</span></p><h1 style="text-align: center;"><span style="font-size: 12.0pt; font-family: 'Times New Roman',serif; color: windowtext;">Un grand romancier populaire<br />HANS FALLADA</span></h1><p align="center"><span style="font-size: 12.0pt; font-family: 'Times New Roman',serif;">par <br />EUGENE BESTAUX</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 12.0pt; font-family: 'Times New Roman',serif;">Bien qu’il soit l’un des romanciers étrangers les plus connus en France, Hans Fallada, dont les Éditions Albin Michel viennent de publier <em>Gustave-de-Fer</em>, ne compte pas aux yeux de ses compatriotes parmi les meilleurs écrivains allemands d’aujourd’hui. Son style manque de noblesse et de pureté ; les sujets qu’il traite de préférence sont trop directement empruntés à la vie de tous les jours, trop anecdotiques, trop semblables à la biographie de l’auteur; ils n’ont jamais ce caractère d’universalité qui place sur un plan supérieur <em>Eugénie Grandet, Don Quichotte, Les Affinités électives</em>.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 12.0pt; font-family: 'Times New Roman',serif;">Fallada n’en mérite pas moins qu’à l’occasion de son cinquantième anniversaire on mette en valeur l’importance de son œuvre qui, bien mieux sans doute que les ouvrages les plus savants et les plus sérieusement documentés, pourra servir aux historiens et aux hommes qui, dans quelque vingt ans, chercheront à s’éclairer sur l’état d’esprit du peuple allemand pendant l’entre-deux-guerres. C’est qu’en effet, au don de voir et de retenir le moindre détail caractéristique aussi bien que le ferait le plus expérimenté des reporters, Fallada joint le talent de fixer noir sur blanc ce qu’il a gardé dans sa mémoire ou dans ses notes, en lui conservant toute sa vie, tout son coloris, tout son mouvement. Ses personnages sont vrais, authentiquement pris sur le vif et, pour cette raison inséparables de leur milieu et de leur temps. Avec une sorte de parti pris d’impartialité qui n’a sans doute pas peu contribué à lui conquérir les sympathies peut-être exagérées de certains lecteurs, il nous fait voir les hommes, les choses, les passions, les mœurs, les partis qui, successivement, de 1914 à nos jours, se sont succédé en Allemagne. Il peut paraître tiède ; il est en tout cas éminemment instructif. C’est un observateur qui, à la façon des romanciers naturalistes, s’applique à faire voir le monde contemporain comme il est.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 12.0pt; font-family: 'Times New Roman',serif;">Mais Fallada, quoi qu’en puisse en penser ou en dire tel lecteur superficiel, n’est pas un indifférent. Il ne se croit pas tenu de tirer la conclusion morale des scènes qu’il nous présente. Il suffira cependant de réfléchir un peu pour se rendre compte que c’est précisément parce qu’elle est impartiale que l’œuvre de Fallada nous offre un tableau vivant et significatif de l’époque où, dans l’Allemagne vaincue, les profiteurs politiques et les mercantis menaient leur train, loups prêts à tout dévorer, où, pour se libérer des exploiteurs et des manitous syndicalistes, — « les bonzes », — les paysans ne voyaient plus d’autre moyen que la levée de fourches. Maintes pages de <em>Gustave-de-Fer </em>et de <em>Loup parmi les loups</em> sont de nature à servir de leçon aux braves bourgeois imbéciles qui, de bouche à oreille, s’en vont annonçant chaque jour pour le lendemain la victoire du bolchevisme libérateur. Semblables aux personnages du plus populaire des romans de Fallada : <em>Et maintenant, petit bourgeois ?</em> il ne leur resterait, au cas où leur rêve se réaliserait, qu’à se laisser écraser par le destin qu’ils imaginent si différent de la réalité.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 12.0pt; font-family: 'Times New Roman',serif;">On a reproché avec quelque semblant de raison à Fallada de ne nous montrer que des héros obéissant aux forces extérieures sans jamais chercher à agir par eux-mêmes. Une fois seulement, -— dans <em>Vieux cœur en voyage</em>, — il nous présente un personnage essayant de se mettre en travers de la route où le sort s’apprête à broyer une petite fille ’innocente. Il le fait à contre-cœur, certes, car il ne demande, lui aussi, qu’à se laisser mener par la fatalité, cette déesse si sympathique aux âmes veules. Et il est tellement déshabitué de l’action qu’il s’en faut de bien peu que la chose ne tourne plus mal encore que s’il n’était intervenu. Pourtant, l’impression générale que donne l’œuvre de Fallada est positive. Par les personnages auxquels va sa sympathie sont, sans qu’il nous le dise, ceux qui, pareils à son Gustave-de-Fer, croient toujours « que la vie a un sens, qu’il faut continuer de vivre, en dépit des traverses ».</span></p><p align="center"><span style="font-size: 12.0pt; font-family: 'Times New Roman',serif;">♦</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 12.0pt; font-family: 'Times New Roman',serif;">La critique allemande s’est plu à rapprocher Fallada de Zola. Il y a du vrai dans ce jugement, à condition de ne l’accepter qu’avec des réserves. Zola est incontestablement plus puissant. Mais, son imagination romantique l’amenait presque toujours à sortir de la vérité pour entraîner son lecteur dans le domaine du colossal et du fantastique. Les mille et mille détails authentiques qu’il avait réunis finissaient par former un ensemble irréel; ses personnages, observés pourtant avec un souci profond de la réalité, aboutissaient à être hors de la vie. Fallada bien moins grandiose, et surtout visant bien moins haut, sait créer autour de ses récits une atmosphère plus vraie.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 12.0pt; font-family: 'Times New Roman',serif;">Pour rendre ses histoires à la fois simples et compliquées, il use d’un style extraordinairement difficile â rendre en traduction. Ses dialogues farcis d’argot et d’allusions perdent en français une bonne part de leur humour et de leur charme. M. André Meyer a déjà noté quelques-unes des nombreuses erreurs commises dans les adaptations des livres précédents.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 12.0pt; font-family: 'Times New Roman',serif;">Malgré cela, Fallada a eu en France de très nombreux lecteurs. Il le mérite. Certes, il faut se garder de le mettre au rang des plus grands. Il lui manque en particulier généralement l’art de finir ses livres. À ce point de vue <em>Gustave-de-Fer</em> fait heureusement exception. Mais la longue digression consacrée au voyage à Paris n’est qu’un amusant et sympathique hors-d’œuvre, qui ne prouve pas grand’chose en faveur du héros. Un de ses plus agréables romans, encore inconnu eu France, <em>Les Femmes et le Rêveur</em>, après un départ magnifique, se termine en queue de poisson. Pourtant — nous le répétons — on trouvera dans l’ensemble de cette production déjà nombreuse mais où manque encore le « chef-d’œuvre » qui mettra Fallada hors de pair, le portrait le plus vrai que nous puissions avoir de l’Allemagne de 1914 à 1940, à la condition de l’y chercher sans parti pris comme lui-même l’a tracé.</span></p><p style="text-align: center;"><a href="http://etpuisapres.hautetfort.com/media/02/02/1890051346.jpg" target="_blank" rel="noopener"><img id="media-6416590" style="margin: 0.7em 0;" title="" src="http://etpuisapres.hautetfort.com/media/02/02/3468873290.jpg" alt="HF Union française 1943 (article).jpg" /></a></p><p style="text-align: justify;"> </p><p><span style="font-size: 12.0pt; font-family: 'Times New Roman',serif;"> </span></p>
Alain Chttp://etpuisapres.hautetfort.com/about.htmlBrève recension d'avril 1942tag:etpuisapres.hautetfort.com,2023-01-08:64211922023-01-08T13:09:23+01:002023-01-08T13:08:00+01:00 Brève recension parue, dans Le Petit Champenois, en 1942. Brève mais...
<p style="text-align: center;"><a href="http://etpuisapres.hautetfort.com/media/00/02/3751375427.jpg" target="_blank" rel="noopener"><img id="media-6414980" style="margin: 0.7em 0;" title="" src="http://etpuisapres.hautetfort.com/media/00/02/1964920560.jpg" alt="Le Petit Champenois titre.jpg" /></a></p><p>Brève recension parue, dans Le Petit Champenois, en 1942. Brève mais solide.</p><p><u><span style="font-size: 12.0pt; font-family: 'Times New Roman',serif;">Le Petit Champenois, jeudi 16 avril 1942</span></u></p><p><strong><u><span style="font-size: 12.0pt; font-family: 'Times New Roman',serif; color: black;">LIVRES & REVUES</span></u></strong></p><p align="center"><strong><span style="font-size: 12.0pt; font-family: 'Times New Roman',serif; color: black;">Deux nouveaux Fallada</span></strong></p><p align="center"><em><span style="font-size: 12.0pt; font-family: 'Times New Roman',serif; color: black;">Vieux Cœurs<a href="#_ftn1" name="_ftnref1"><strong>[1]</strong></a> en Voyage</span></em></p><p align="center"><span style="font-size: 12.0pt; font-family: 'Times New Roman',serif; color: black;">(Ferdinand Sorlot)</span></p><p align="center"><span style="font-size: 12.0pt; font-family: 'Times New Roman',serif; color: black;">et <em>Nous avions un enfant</em></span></p><p align="center"><span style="font-size: 12.0pt; font-family: 'Times New Roman',serif; color: black;">(Albin Michel).</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 12.0pt; font-family: 'Times New Roman',serif; color: black;">Il n’est plus besoin de présenter Hans Fallada au public français. Il le connaît depuis de nombreuses années et son roman <em>Loup parmi les Loups</em> l’avait déjà classé parmi les auteurs étrangers qu’on cite et qu’on admire.</span></p><p style="text-align: justify;"><em><span style="font-size: 12.0pt; font-family: 'Times New Roman',serif; color: black;">Vieux Cœurs en Voyage</span></em><span style="font-size: 12.0pt; font-family: 'Times New Roman',serif; color: black;">, traduit par Edith Vincent avec un sens de l’adaptation qui a su en conserver tout le charme intrinsèque, possédée la saveur d’un récit paysan allié à la ferveur d’un psaume.</span></p><p style="text-align: justify;"><em><span style="font-size: 12.0pt; font-family: 'Times New Roman',serif; color: black;">Nous avions un enfant</span></em><span style="font-size: 12.0pt; font-family: 'Times New Roman',serif; color: black;"> débute comme une légende germanique de la veine des Nibelungen.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 12.0pt; font-family: 'Times New Roman',serif; color: black;">Ce roman de Fallada, intelligemment traduit par Paul Genty qui est un familier du style du maître allemand, est un monument solide, bien charpenté, net de formes, qui plaît à l’esprit et au cœur.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 12.0pt; font-family: 'Times New Roman',serif; color: black;"> </span></p><p style="text-align: center;"><a href="http://etpuisapres.hautetfort.com/media/01/00/3581589733.jpg" target="_blank" rel="noopener"><img id="media-6414981" style="margin: 0.7em 0;" title="" src="http://etpuisapres.hautetfort.com/media/01/00/2580331107.jpg" alt="Le Petit Champenois article.jpg" /></a></p><p> </p><p><a href="#_ftnref1" name="_ftn1"><span style="font-family: 'Times New Roman',serif;"><span style="font-size: 10.0pt; font-family: 'Times New Roman',serif;">[1]</span></span></a><span style="font-family: 'Times New Roman',serif;"> Sic ! [ndlr]</span></p><p> </p><p><span style="text-decoration: underline;">Source</span> : Gallica</p>
Alain Chttp://etpuisapres.hautetfort.com/about.htmlRecension de Bauern, Bonzen und Bomben (1932)tag:etpuisapres.hautetfort.com,2022-06-10:63864382022-06-11T08:18:38+02:002022-06-10T19:26:00+02:00 Cette recension concise et, il faut le dire, élogieuse est parue dans Le...
<p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10pt; font-family: verdana, geneva, sans-serif;"><em>Cette recension concise et, il faut le dire, élogieuse est parue dans Le Mercure de France, en janvier 1932, sous la plume de Jean-Edouard Spenlé.</em></span></p><p style="text-align: center;"><a href="http://etpuisapres.hautetfort.com/media/02/01/1146927330.jpg" target="_blank" rel="noopener"><img id="media-6364365" style="margin: 0.7em 0;" title="" src="http://etpuisapres.hautetfort.com/media/02/01/1539476150.jpg" alt="Fallada_Bauern Bonzen und Bomben (rororo).jpg" /></a></p><p><span style="font-size: 10.0pt; font-family: 'Verdana',sans-serif;"> </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10.0pt; font-family: 'Verdana',sans-serif;"> C’est une tout autre note d’humanité que nous présente un roman de M. Fellada <a href="#_ftn1" name="_ftnref1">[1]</a> où s’annonce brillamment une réputation littéraire naissante. Déjà le titre, aux consonances bizarrement répétées, éclate, telle une triple détonation : <strong>Bauern, Bomben und Bonzen</strong> <a href="#_ftn2" name="_ftnref2">[2]</a> (Paysans, bombes et bonzes). Cette fois nous sommes jetés en pleine actualité et les événements racontés, avec des noms à peine changés, se sont réellement passés. Il s’agit d’une sorte de chouannerie provoquée dans ces dernières années dans les provinces du nord de la Prusse par les charges fiscales qui pèsent, de plus en plus écrasantes, sur la terre, véritable guerre civile qui a éclaté à la suite des saisies et des exécutions judiciaires ordonnées par le gouvernement « rouge » (socialdémocrate) prussien – opposant les campagnes aux villes, les travailleurs de la terre aux ouvriers des industries, les « noirs » qui arborent le drapeau noir de la guerre des Paysans du xvi<sup>e </sup>, aux « rouges » momentanément maîtres en Prusse du gouvernement et la police – avec accompagnement de cortèges, de démonstrations sanglantes, de complots, de boycottages, d’attentats à la dynamite, et enfin de procès sensationnels. Mais plus que la matière même des événements, ce qui est nouveau dans ce roman c’est un réalisme d’une acuité inuïe, un art de filmer les intérieurs et es scènes populaires, les grouillements humains d’où se détachent se détachent tout à coup des gestes, des mots, des physionomies inoubliables.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10.0pt; font-family: 'Verdana',sans-serif;"> Dans ce récit de plus de cinq cent pages, intentionnellement décousu, mais entraîné par un rythme vertigineux, il n’y a pas une scène languissante, pas un point mort. Certes, nous sommes loin de la paisible mare stagnante dont naguère Heinrich Mann, dans son <em>Untertan</em>, retraçait la chronique scandaleuse sous le ci-devant régime impérial. Mais il faut reconnaître que pour voir cessé d’être stagnante elle n’en est pas moins restée bourbeuse. Froidement l’auteur braque son objectif sur le pullulement qui monte à présent de la vase à la surface.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 10.0pt; font-family: 'Verdana',sans-serif;"> Il fait défiler sous nos yeux un chapitre, combien animé, de zoologie politique. Une figure pourtant, ou plutôt une silhouette à la Balzac, émerge, monumentale : celle du « bonze » nouveau style, ancien ouvrier révolutionnaire rallié au nouvel opportunisme gouvernemental de la Sozialdemokratie, le bourgmestre Gareis. C’est un cyclope informe, plus exactement déformé par son lourd travail d’usine, un mastodonte pataud et roublard, aujourd’hui confortablement installé dans un décor somptueusement administratif, et qui s’est révélé un merveilleux brasseur d’affaires, un manieur d’hommes incomparable, sachant tempérer son autoritarisme dictatorial par une verve toute populaire, par une jovialité formidable. Il voit clair, lui, dans les cerveaux futés, dans les esprits tortueux et dissimulés, il remue avec une dextérité incomparable toute cette fange humaine, et il se tire des situations les plus imprévues, les plus scabreuses, par des rétablissements stupéfiants, – jusqu’au jour où, tout de même, il glisse et trébuche à son tour sur l’inévitable pelure d’orange. Au fond, pas méchant du tout ; un gaillard sympathique plutôt, cet éléphant jovial. On dirait même un philanthrope à sa façon, un philanthrope cynique qui s’acquitte aussi proprement que possible de son emploi de « bonze » préposé aux destinées municipales, à la fois policier et vidangeur.</span></p><p align="right"><span style="font-size: 10.0pt; font-family: 'Verdana',sans-serif;">Jean-Edouard SPENLE</span></p><p align="center"><span style="font-size: 10.0pt; font-family: 'Verdana',sans-serif;">*</span></p><p><u><span style="font-size: 10.0pt; font-family: 'Verdana',sans-serif;">Source :</span></u><span style="font-size: 10.0pt; font-family: 'Verdana',sans-serif;"> Mercure de France, CCXXXIII, 1<sup>er</sup> janvier 1932, pp 218-219.</span></p><p style="text-align: center;"><a href="http://etpuisapres.hautetfort.com/media/02/01/2235612111.jpg" target="_blank" rel="noopener"><img id="media-6364364" style="margin: 0.7em 0;" title="" src="http://etpuisapres.hautetfort.com/media/02/01/1846978333.jpg" alt="Landvolk.jpg" /></a></p><p> </p><p><a href="#_ftnref1" name="_ftn1"><span style="font-family: 'Times New Roman',serif;"><span style="font-size: 10.0pt; font-family: 'Times New Roman',serif;">[1]</span></span></a><span style="font-family: 'Times New Roman',serif;"> Sic ! [ndlr].</span></p><p><a href="#_ftnref2" name="_ftn2"><span style="font-size: 10.0pt; font-family: 'Calibri',sans-serif;">[2]</span></a> <span style="font-family: 'Times New Roman',serif;">Sic ! [ndlr].</span></p>