18/08/2007
Une souris bien astucieuse
LA PETITE SOURIS
par Hans Fallada
Il était une fois une petite souris qui habitait toute seule une grande maison de ville et qui s'appelait Oreille-Pendante. Tout enfant, elle était tombée sous les griffes du chat et son oreille avait été si déchirée qu'elle ne pouvait plus se dresser et pendait toujours en arrière. C'est pourquoi la petite souris s'appelait Oreille-Pendante. Et ce même vieux chat méchant avait tué tous ses frères et sœurs et ses parents, aussi vivait-elle toute seule dans la grande maison.
Souvent elle se sentait bien solitaire et disait en pleurant qu'elle aimerait avoir d'autres petites souris pour jouer avec elle, de préférence, même, un joli souriceau ! Mais, malgré ses lamentations. rien ne venait et Oreille-Pendante demeurait seule.
Un jour que tout dans la maison dormait, même le vieux méchant chat, Oreille-Pendante se trouvait à l'office, rongeant un morceau de lard et se lamentant de plus belle sur sa triste existence. Tout à coup, elle entendit une voix aiguë qui lui disait :
« Hi !… hi !... Quelle sotte et aveugle petite souris! Regarde donc par la fenêtre et tu verras le plus joli souriceau du monde. Il te ressemble. Il est aussi abandonné, aussi malheureux et soupire aussi ardemment que toi après la venue d'une jeune souricette !... »
Oreille-Pendante regarda à droite, Oreille-Pendante regarda à gauche, Oreille-Pendante regarda sur l'assiette au lard et en dessous de l'assiette, mais Oreille-Pendante ne vit personne. Elle mit finalement le nez à la fenêtre. En face d'elle se dressait une grande maison, pareille à la sienne, avec beaucoup de fenêtres qui brillaient au soleil couchant, mais pas le moindre souriceau à l'horizon. Aussi, Oreille-Pendante s'écria-t-elle impatiemment :
« Où es-tu, toi qui me parles ?... Et où est le jeune et beau souriceau dont tu me racontes l'histoire ?...
— Hi !... hi !... reprit la voix perçante. Tu es complètement aveugle. Lève la tête, je suis juste au-dessus de toi sur le rayon. »
La petite souris regarda en l'air et aperçut, juste au-dessus d'elle, une grosse fourmi qu'elle dévora des yeux.
« Et où est donc le souriceau ?,.. demanda-t-elle.
— Il est assis vis-à-vis de toi dans la gouttière et laisse pendre sa queue dans la rue », répondit la fourmi.
Oreille-Pendante. jeta un coup d'œil dehors. Un Jeune et beau souriceau était effectivement assis dans la gouttière ; il avait une moustache splendide, laissait pendre sa queue en dehors de la gouttière et contemplait le va-et-vient de la rue.
« Pourquoi est-il assis là, fourmi, dit Oreille-Pendante. Il va tomber, et s'il tombe il sera mort !...
— Eh ! il s'ennuie comme toi, répondit la fourmi. Il regarde s'il n'aperçoit pas de petite souris dans la rue.
— Oh !... chère fourmi, dit Oreille-Pendante d'une voix suppliante, indique-moi, Je t'en prie, un chemin pour aller vers lui. Je te donnerai tout mon lard !… »
La fourmi se frotta pensivement les mandibules avec les deux pattes de devant, se gratta avec les pattes de derrière et déclara :
« Je ne veux pas de ton lard. Je préfère le sucre, le miel ou la confiture. Je ne sais pas le chemin que tu pourrais suivre. Moi je passe toujours par le trou de la serrure, mais toi tu es trop grosse pour cela. "
Oreille-Pendante pria et supplia si bien la fourmi que celle-ci consentit à réfléchir
Jusqu'au lendemain au meilleur moyen d'atteindre le souriceau.
Le lendemain soir, la petite souris retrouva la fourmi à l'office et lui demanda si elle avait trouvé une solution.
« Peut-être bien, répondit la judicieuse fourmi, mais avant que je te le dise, il faut que tu me donnes un bonbon fondant.
— Mais, cria Oreille- Pendante, où puis-je en trouver un ? Le seul bonbon fondant que je connaisse est posé sur la table de nuit de la femme du maître de maison. Elle en suce un tous les matins en se réveillant, pour que la journée qui commence lui paraisse douce.
— Eh bien !... va me le chercher, dit froidement la fourmi.
— Mais je ne peux pas, dit tristement la petite souris.
Le vieux méchant chat qui a mangé mes parents, mes frères, mes sœurs, dort, lui aussi, dans la chambre à coucher. S'il m'entend il me dévorera, c'est sûr !...
— Arrange-toi comme tu l'entendras, répondit la fourmi impitoyable. Pas de bonbon, pas de chemin pour aller vers ton souriceau. »
Oreille-Pendante eut beau pleurer, prier, supplier, ce fut en vain. La fourmi ne parlerait pas sans bonbon. Rassemblant son courage à deux pattes, la petite souris se glissa donc aussi silencieusement qu'elle put de l'office à la cuisine, de la cuisine à la salle à manger, de la salle à manger au bureau, et du bureau sur le palier. Là, elle s'arrêta, se fit encore plus légère et doucement, doucement, se faufila dans la chambre à coucher.
La chambre à coucher était tout à fait obscure pour des yeux d'homme, parce que les rideaux étaient tirés. Mais les souris ont des yeux qui voient dans le noir. C'est ainsi qu’Oreille-Pendante s'aperçut, oh ! terreur, que son mortel ennemi le chat ne dormait pas. Bien au contraire, il était couché sur un bon coussin, juste en face du lit devant lequel la petite souris devait passer pour arriver à la table de nuit sur laquelle se trouvait le bonbon. Il s'étirait, s'étendait, se léchait et se pourléchait les babines comme s'il avait encore faim.
Devant ce spectacle terrifiant, la petite souris ne put s'empêcher de pousser un léger cri. Aussitôt le chat se dressa et dit :
« Il y a une souris dans cette chambre. Je croyais pourtant avoir depuis longtemps mangé toutes les souris de cette maison. Mais s'il y en a encore une je l'aurai bien vite attrapée. »
Dans sa terreur, la petite souris se mit à supplier la chaise sous laquelle elle était blottie :
« Chaise... bien chère chaise, craque un peu, je te prie. Le chat croira que c'est un craquement de chaise et non un cri de souris. »
La chaise, complaisante, craqua pour faire plaisir à la petite souris. Et le chat se recoucha en disant :
« Allons... ce n'était qu'une chaise qui craquait, je peux dormir tranquille. » Ce disant, il s'allongea et s'endormit.
Qu'allait faire Oreille-Pendante ? Passer devant son terrible ennemi pour arriver à la table de nuit..., elle n'en avait pas le courage. Elle avait trop peur de frôler, dans son angoisse, le parquet avec les ongles de ses pattes et d'éveiller le chat.
Cependant il lui fallait à tout prix le bonbon, sinon jamais elle ne saurait le chemin qui la conduirait vers le souriceau. Elle décida finalement de grimper sur le lit et d'arriver à la table de nuit en passant sur l'oreiller. C'était un peu moins dangereux, car la femme du maître de maison dormait dans ce lit et les souris craignent beaucoup moins les hommes que les chats. Ils ne sont pas aussi agiles et dorment beaucoup plus profondément.
Oreille-Pendante se mit donc courageusement en route. Elle commença par grimper au pied du lit en s'aidant de ses griffes. Puis elle sauta sur le lit ; la couverture et les coussins formaient une route bien molle sur laquelle le bruit des pattes ne pouvait pas s'entendre, aussi se mit-elle à courir ; mais en courant, elle ne fit pas attention à sa longue queue qui chatouilla le nez de la femme du maître.
Celle-ci éternua, se réveilla et, croyant que c'était le chat, cria :
« Va-t'en, vilain chat !... »
Le chat dressa la tête et, pensant qu'on l'appelait, sauta d'un bond sur le lit. La femme se mit en colère et frappa le chat en s'écriant :
« Veux-tu t'en aller bien vite, méchant animal !... »
Le chat, ne comprenant pas pourquoi on l'appelait pour le battre ensuite et le renvoyer, se mit à miauler. Là-dessus, le maître de maison se réveilla à son tour et tempêta :
« Ce chat mal élevé est encore sur le lit. Attends, misérable !... »
Puis il fit de la lumière, saisit son soulier et se mit à battre le chat qui miaula lamentablement.
Au milieu de tout ce remue-ménage, coups, cris, miaulements, Oreille-Pendante s'était depuis longtemps emparée du bonbon, avait lestement sauté en bas de la table de nuit et s'était glissée au-dehors par la porte entrouverte. Elle entendait le bruit de loin et se réjouissait de la correction infligée à son ennemi.
« Tu vois, conclut la judicieuse fourmi, quand Oreille-Pendante revint avec le bonbon entre les dents, il ne faut pas s'exagérer les choses, ce n'était pas si terrible que cela. J'espère que tu n'en as pas mangé un bout ?... »
Mais tout était en ordre. Oreille-Pendante n'avait pas même effleuré le bonbon du bout de sa langue rosé, bien qu'elle l'eût tenu entre les dents. Aussi prétendait-elle à présent obtenir sa récompense, c'est-à-dire connaître enfin le chemin qui la conduirait auprès du jeune et beau souriceau.
« C'est très simple, dit la fourmi. Tu sais bien que le maître élève des pigeons, là-haut, dans le grenier. Ces pigeons sont toute la journée en liberté et volent où ils veulent. Demande à l'un d'eux de te prendre sur son dos. Ce sont d'aimables oiseaux, ils le feront sûrement. »
La petite souris jugea le conseil bon et grimpa vite l'escalier pour aller trouver les pigeons dans leur pigeonnier. La fourmi, de son côté, se dépêcha de rentrer chez elle, car elle voulait rassembler ses sœurs pour qu'elles aient toutes un morceau de bonbon avant le matin.
« Roucoucou... roucoucou... » Les pigeons bavardaient encore dans leur nid, malgré l'obscurité. Ils discutaient sur l'endroit où ils voleraient le lendemain matin pour trouver du grain. Dans le jardin, au bord de l'eau, il y avait une plantation de petits pois, mais fallait-il tenter ou non la chance, car un gros matou jaune, très friand de pigeonneaux, rôdait dans les environs.
« Roucoucou..., disaient les pigeons, cela va de plus en plus mal avec les chats. Comment les hommes peuvent-ils supporter de pareils animaux auprès d'eux !...
— Je suis tout à fait de cet avis, dit poliment la souris derrière la porte. Le chat de la maison m'aurait dévorée ce soir si une chaise n'avait obligeamment craqué pour moi. Je ne peux plus supporter cette vie d'angoisse... L'un d'entre vous n'aurait-il pas la bonté de me prendre sur son dos, demain matin de bonne heure, et de me transporter sur le toit de la maison d'en face ?
— Roucoucou..., crièrent les pigeons effarés. Il y a un voleur dans le pigeonnier ! Il veut prendre nos œufs, bien sur ! »
La petite souris leur affirma à travers la porte qu'elle ne nourrissait aucun mauvais dessein à l'égard de leurs œufs, mais qu'elle voulait tout simplement traverser la rue sur le dos de l'un d'eux.
« Roucoucou..., répondirent les pigeons. S'il en est ainsi et si tu ne fais pas de mal à nos œufs, nous ne demandons pas mieux que de te faire plaisir. Mais la porte du pigeonnier est fermée à cette heure.. Reviens demain matin, très tôt, couroucou... »
La petite souris Oreille-Pendante remercia poliment et rentra dormir dans son trou, sous le buffet de la cuisine. Mais toute la nuit elle rêva du beau souriceau !
Pendant ce temps, le chat, bien battu, avait été mis à la porte de la chambre à coucher pour le punir d'avoir sauté sur le lit de la femme du maître de maison. Il était assis là, ruminant ses griefs et tout courbatu :
« La femme du maître a beau crier, je ne lui ai pas chatouillé le nez avec ma queue ainsi qu'elle le prétend ! songeait le chat. Qui cela pouvait-il bien être ? »
Tout à coup, il se rappela le cri de souris qu'il avait cru entendre, puis qu'il avait pris pour un craquement de chaise.
« Peut-être était-ce tout de même une souris qui m'a joué ce tour, se dit-il. Je vais chercher dans toute la maison si je trouve une trace de souris. »
II s'en alla donc sur ses pattes de velours, avec ses grands yeux verts étincelant dans l'obscurité. Il regarda dans tous les coins, flaira partout, sous toutes les armoires et, quand il arriva au buffet de la cuisine, il dit : « Je trouve Ici une odeur de souris. Hum !... quel délicieux parfum. Viens vite, petite souris, sors, nous allons danser ensemble… »
Mais la souris n'entendit pas le méchant chat. Oreille-Pendante dormait trop profondément dans son trou en rêvant du souriceau !
Le chat s'en alla tout triste de voir ses bonnes paroles inutiles et entra dans l'office. Il y régnait une grande agitation, des milliers de fourmis s'affairaient, car chacune d'elles voulait mordre un morceau de bonbon rosé. Le chat prit sa grosse voix et cria :
« Qu'est-ce que tout ce remue-ménage au milieu de la nuit ? II est l'heure de dormir. Tachez de vous en aller plus vite que cela, bande de voleuses !…
Mais les fourmis ne craignaient pas le chat, car les chats ne mangent pas de fourmis, elles sont trop aigres et les chats aiment ce qui est sucré. Les fourmis le savent bien.
« Hi !… hi !… s'écrièrent-elles. Hi !… hi !… gros chat, vieux chat, tu te promènes bien la nuit, pourquoi n'en ferions-nous pas autant ?
— Ce n'est pas la même chose, dit sévèrement le chat. Le maître m'a pris comme veilleur de nuit pour éviter qu'un voleur ne s'introduise chez lui... Quel est donc ce bonbon rosé dans lequel vous mordez? Il me semble que c'est un vol.
— Hi !... hi !... cria la judicieuse fourmi, ce bonbon m'appartient, je l'ai reçu comme paiement d'un bon conseil.
— Ce bonbon vient de la table de nuit de la maîtresse, dit le chat encore plus sévèrement. Dis-moi immédiatement qui te l'a donné, sinon je te le prends. Mais si tu me dis la vérité tu pourras le garder. »
La judicieuse fourmi, ayant grand-peur de perdre son bonbon, trahit la petite souris et se mit à raconter tout ce qu'elle savait. Le chat écoutait, de plus en plus agité, car il commençait à comprendre à qui il devait tous ses ennuis. Aussi interrogeait-il la fourmi avec une ardeur grandissante.
« Ne sais-tu pas, fourmi, demanda-t-il enfin, où est le trou de la souris ?
— Non, je ne le sais pas, répondit la fourmi. Mais nous autres fourmis, nous allons partout et rien ne nous est caché, sauf ce qui vole dans l'air ou ce qui nage dans l'eau. Je vais en parler à toutes mes sœurs et nous trouverons bien ce trou ! »
Ainsi fut fait. Toutes les fourmis se mirent en campagne, et peu de temps après, l'une d'entre elles vint annoncer que la souris dormait dans son trou, sous le buffet
de la cuisine.
« Je le pensais bien, dit le chat. Cela sentait la souris à plein nez ! »
Ils allèrent tous devant le buffet de la cuisine, majs le chat eut beau s'aplatir tant qu'il pouvait, l'espace entre le buffet et le plancher était trop étroit pour qu'il pût s'y glisser.
« Que faire, grogna-t-il. Il me faut cette souris, dussé-je sacrifier pour cela toute une soucoupe de mon bon lait sucré !
— Laisse-nous boire ton lait sucré demain matin, dit la judicieuse fourmi, et je te donnerai un bon conseil. »
Le chat promit solennellement d'abandonner son lait et la fourmi lui dit :
« Nous allons envoyer une de mes sœurs qui piquera la souris a l'oreille. Elle aura peur, se sauvera et tu l'attraperas au passage. »
Sitôt dit, sitôt fait. Une fourmi fut dépêchée dans le trou de .la souris; le chat se plaça, prêt à bondir, devant le buffet et fit briller ses yeux, de manière à y voir bien clair. Ils attendirent... une minute... deux minutes... trois minutes... plus longtemps encore... et finalement la fourmi revint seule.
« Paresseuse, s'écria la judicieuse fourmi très en colère. N'es-tu pas arrivée à réveiller la souris ? Ton aiguillon est-il donc si faible et n'as-tu plus de venin dans le corps, pour ne pas même parvenir à sortir une misérable souris de son sommeil ? »
Mais la fourmi affirma avoir piqué avec force, sans succès. D'autres fourmis furent alors dépêchées, mais sans plus de résultat. La souris ne bougea point. Cela provenait de ce qu'Oreille-Pendante, dans son trou, dormait sur un côté et ne présentait qu'une oreille à l'air. Et l'oreille qui était en haut était justement celle que le chat avait déchirée autrefois, ce qui l'avait rendue tout à fait insensible; les fourmis avaient beau la piquer et la repiquer à l'envie. Oreille-Pendante ne sentait rien et continuait à dormir tout en rêvant de son beau souriceau.
La judicieuse fourmi y alla à son tour, mais, pas plus que les autres, n'obtint de résultat. Elle revint et, s'adressant au chat :
« La petite souris ne bouge pas, malgré toutes nos piqûres. Mais j'ai un autre bon conseil à te donner. Nous laisseras-tu goûter de la crème quand je te le demanderai ? »
Le chat répondit : « Si j'attrape la souris, vous pourrez goûter ma crème autant qu'il vous plaira. »
La fourmi satisfaite reprit : « Demain à l'aube, la petite souris grimpera au pigeonnier pour aller sur le dos des pigeons rejoindre son souriceau. Poste-toi sur l'échelle et saute sur elle !
— Voilà un bon conseil, dit le chat. Il faut que j'attrape la souris avant qu'elle entre dans le pigeonnier, car le maître m'a sévèrement défendu d'y pénétrer. Il me battrait à mort s'il me surprenait au milieu de ses chers pigeons.
— Tu as bien le temps d'attraper la souris sur l'escalier, répondit la fourmi. Bonsoir ! »
Et ils allèrent tous se reposer. Le chat s'installa sur un des coussins du canapé et s'endormit. La fourmi, elle, se posta sur l'escalier de manière à pouvoir tout de suite rappeler au chat sa promesse de bon lait sucré.
Le matin, dès l'aube, le maître de maison s'éveilla et monta aussitôt au grenier ouvrir la porte à ses chers pigeons, afin qu'ils puissent aller chercher leur nourriture au dehors. Mais comme il avait des yeux dans sa tête et non dans ses pieds, il ne vit pas la judicieuse fourmi qui dormait dans l'escalier et l'écrasa.
« Hi !.. » gémit la judicieuse fourmi... puis elle mourut, punie d'avoir trahi la petite souris auprès du méchant chat.
Le maître de maison n'avait rien remarqué ; il ouvrit le guichet du pigeonnier et tous les pigeons s'envolèrent, sauf un qui s'agitait en roucoulant : « Roucoucou... où est la souris, Couroucou j'ai envie de partir ! »
Le maître, qui ne comprenait rien à ce roucoulement, demanda étonné :
« Qu'as-tu donc ? »
Mais. déjà la souris arrivait en courant aussi vite que ses jambes tremblantes le lui permettaient, car le chat était derrière elle.
« Dans l'ardeur de la poursuite, celui-ci oublia la défense qui lui était faite d'entrer dans le pigeonnier et suivit la petite souris. Quand le maître vit le chat dans le pigeonnier, il saisit une courroie et se mit à le corriger d'importance. Le chat hurla; la souris s'élança sur le dos du pigeon, le pigeon battit des ailes et s'envola. Le chat, pour esquiver la correction et pour essayer encore d'attraper la souris, sauta derrière le pigeon... mais, sans ailes, il ne put voler et tomba du haut des cinq étages, par terre, où il resta étendu mort...
La petite souris « Oreille-Pendante », doucement déposée sur le toit de l'autre maison par le pigeon, y trouva son souriceau, l'épousa et ils eurent tant d'enfants que jamais plus ils ne furent seuls ni l'un ni l'autre !
19:20 Publié dans Textes de Hans Fallada | Lien permanent | Commentaires (0)
Les commentaires sont fermés.