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05/04/2020

Le cauchemar - nouvelle recension

Ci-dessous une recension du livre Le cauchemar qui présente élégamment le livre de Hans Fallada.

https://www.actualitte.com/article/livres/au-coeur-des-de...

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Au cœur des décombres, le cauchemar

03.04.2020

ROMAN ETRANGER - Une balade hallucinée dans l’Allemagne désolée d’avril 1945, au moment de la chute du nazisme, du “grand effondrement”. Le pays est en ruines, ses habitants aussi. Dans ce roman publié à titre posthume, Hans Fallada (1893-1947) nous emmène au cœur des décombres encore fumants. Ils recèlent, bien cachée, la lueur d’un espoir : la guérison.

Le roman conte le périple désespéré, en compagnie de sa jeune épouse, de Herr Doll, un écrivain qui partage certains traits avec Fallada, comme sa dépendance intermittente à la morphine, son goût pour les cigarettes ou ses hospitalisations psychiatriques.

Ils ont quitté Berlin pour Prezlau, petite ville au nord-est de la capitale, où ils ont attendu la fin de la guerre et font bon accueil aux soldats russes, au contraire d’autres habitants. Fallada nous dresse un tableau à la Brueghel de cette petite ville et ses divisions, avec ses personnages parfois grotesques et toujours attachants.

Brimé par les nazis, sans rien avoir subi d’atroce, Herr Doll est désigné maire par les Russes. Il faut reconstruire, lutter contre les profiteurs de guerre, ces « hamsters bruns » qui, après avoir adhéré au parti nazi pour assurer leur fortune, spéculent avec des marchandises secrètement amassées.

Sa haine des nazis se transforme peu à peu en haine contre le genre humain, il s’écroule intérieurement. « Sa haine l'avait quitté parce qu'il était tout aussi haïssable que ceux qu'il haïssait ». Il tombe malade, son épouse aussi.

Après une longue hospitalisation, tous deux regagnent à l’automne 1945 Berlin où ne les attendent que des déconvenues. Les voilà parias. Et paralysés par la morphine. « Ce narcotique eût-il été disponible en quantités plus grandes, eût-il été facile à acheter, alors probablement que les trois quarts de la population allemande auraient tenté de noyer de la sorte leur désespoir abyssal et leur apathie, maladies de l'époque. »

Doll confie à son ancien éditeur, retrouvé par hasard : « qui sommes-nous donc encore, nous les Allemands, dans ce monde que nous avons détruit? ». Après plusieurs rechutes, ils parviennent à se déprendre - momentanément? - de la drogue.

Ecrivain de l’homme ordinaire et des petites gens, Hans Fallada, de son vrai nom Rudolf Ditzen, n’avait pas choisi l’exil face au nazisme, sans pour autant manifester de zèle excessif envers le régime. Les nazis l’ont laissé publier ses ouvrages même si, considéré comme un « humaniste », il a brièvement été classé « auteur indésirable » et arrêté en 1933, pour être libéré douze jours plus tard.

Il est redécouvert en France ces dernières années grâce aux nouvelles traductions de Laurence Courtois chez Denöel, avec en 2007, Quoi de neuf, petit homme ?, le grand succès de Fallada en 1932, suivi notamment en 2014 d’une version intégrale, non expurgée, de Seul dans Berlin, son chef d’œuvre publié après sa mort dans ce qui allait devenir la RDA.

Laure Amblesec

Hans Fallada, trad. allemand Laurence Courtois – Le cauchemar – Denoël

 

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