test

Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

04/06/2010

Hans Fallada vu de Russie

vu sur : http://www.lecourrierderussie.ru/fr/magazine/?artId=5506

Un article publié en russe dans le Courrier de Russie, traduit en français sur Internet pour nos lecteurs francophones.

Un roman méconnu sur la résistance d'une famille allemande au régime de Hitler est devenu tête des ventes en Grande-Bretagne, 63 ans après sa rédaction.

Le roman de l'écrivain allemand Hans Fallada, Jeder stirbt fuer sich allein¹ (1947), est devenu best-seller en Grande-Bretagne, entrant dans la liste des 50 livres les plus vendus du pays. La première traduction en langue anglaise du roman de Fallada (paru, aux États-Unis, sous le titre Every Man Dies Alone et en Grande-Bretagne sous le titre Alone in Berlin) a été publiée en 2010. En trois mois seulement, 100 000 exemplaires ont été vendus au Royaume-Uni, et on prévoit 250 000 ventes d'ici un an. Aux États-Unis, Melville House Publishing, petite maison d'édition à qui le groupe britannique Penguin a acheté les droits de publication du roman au Royaume-Uni, a également annoncé des ventes importantes.

Dennis Loy Johnson, fondateur de Melville House Publishing, affirme avoir été profondément étonné que le roman n'ait jamais été traduit : « Dès que j'en ai terminé la lecture, j'ai immédiatement voulu le publier. » Adam Freudenheim, directeur de l'édition britannique Penguin Classics a déclaré n'avoir pas hésité une seconde pour prendre la décision de l'éditer : « C'est un livre qui ne peut pas laisser indifférent. Il sera discuté, il restera dans les mémoires. C'est comme si Fallada nous posait la question : comment auriez-vous agi si vous aviez vécu à cette période ? »

The Guardian note que le roman est devenu célèbre grâce au bouche-à-oreille, et non à une campagne de publicité. Les droits d'adaptation cinématographique ont déjà été acquis par l'acteur Vincent Perez et le producteur Stefan Arndt. « Maintenant, je sais ce que pouvait signifier de vivre en Allemagne sous le Troisième Reich. J'ai compris ce que ressentait un individu vivant dans une atmosphère de pression permanente. Ce livre m'a permis de faire une véritable découverte », a confié Vincent Perez.

Fallada était, auparavant, pratiquement inconnu des lecteurs anglais. Pour les professionnels du secteur, le phénomène rappelle ce qui s'est passé avec Primo Levi, écrivain italien d'origine juive. Levi, qui fût prisonnier dans les camps de concentration fascistes, a écrit, en 1947, Si c'est un homme, l'un des premiers livres du monde sur l'Holocauste. Le manuscrit n'avait alors pas trouvé d'éditeur. Si c'est un homme n'est sorti qu'en 1958, apportant à son auteur une gloire internationale. Levi connaissait d'ailleurs le roman de Fallada, qu'il décrivait comme « le plus grand livre jamais écrit sur la résistance au fascisme en Allemagne. »

L'action de Seul à Berlin se déroule au début des années quarante. Le menuisier Otto Kvangel et sa femme Anna apprennent le décès de leur fils, mort au champ d'honneur au nom du Führer. Ce choc provoque chez eux la haine du nazisme, et ils décident de lutter, de leurs propres forces, contre le régime fasciste. Otto et Anna sont fusillés en 1943.

Fallada est né en 1893 à Greifswald, dans le nord de l'Allemagne. En 1899, la famille de Fallada déménage à Berlin, puis à Leipzig en 1909. Né Rudolf Dietzen, l'auteur a pris le pseudonyme de Hans Fallada, nom d'un personnage des frères Grimm. Dans les années trente, Fallada devient célèbre en tant qu'écrivain. Son roman Kleiner Mann, was nun ?² (1932) a eu un immense succès en Allemagne.

Le fils de Fallada, Ulrich Ditzen, 80 ans, a confié, dans une interview au quotidien britannique The Observer, être stupéfait par l'immense et récente popularité du roman de son père. « C'est un phénomène assez incroyable », a déclaré Ulrich. À la suite de Seul à Berlin, les ventes d'un autre roman de Fallada, Wolf unter den Wölfen³ (1937), augmentent également. Fallada considérait ces deux livres équivalents en termes de signification, et les éditeurs lui prédisent un succès non moins important.

Ekaterina Litvintseva

Traduction : Julia Breen

 

1 Littéralement, « Chacun meurt seul ». Le livre est paru en français sous le titre Seul à Berlin, qui reprend le titre de l'édition anglaise.

2 Quoi de neuf, petit homme ?, dans la traduction française.

3 Littéralement Loup parmi les loups.

21:37 Publié dans Actualité | Lien permanent | Commentaires (0)