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05/04/2008

Perdus / Trouvés

Recension

Perdus / Trouvés
Anthologie de littérature oubliée

Une épique publication de Monsieur Toussaint Louverture (2007).

« Tout le monde se fout des auteurs oubliés.
Sinon, ils ne seraient pas oubliés ».

oOo

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Peut-on encore parler de littérature oubliée après l’hommage rendu par les Editions Monsieur Toussaint Louverture qui ont publié l’an dernier ?
Voyons plutôt : un livre de facture élégante, sur papier Rives Design extra blanc 350 gr (je tiens à souligner ce détail si important de nos jours où la majorité des livres publiés par les gros éditeurs sont de qualité fort moyenne, pour ne pas dire parfois douteuse), composé de 544 pages.
Pas moins de 22 auteurs y sont présents, dont certains connaissent encore une reconnaissance chez les lecteurs – même les moins avertis. Je pense à Clark Ashton Smith (dont Lovecraft disait que personne ne l’égalait « dans le traitement de l’horreur cosmique » [1]), Hanns Heinz Ewers, O. Henry et bien sûr Hans Fallada (remis ‘en route’ par les Editions Denoël).

Mais l’occasion, pour moi en tout cas, de découvrir les autres (pas encore « oubliés » puisque inconnus !) : Pierre Humbourg, Jean-Marc Aubert, Paul Scheerbart, Gaston de Palowski, Marc Agapit, François Valorbe, Jean Duperray, Sherwood Anderson & Ring W. Lardner, Adolfo Bioy Casares, André aillon, William Sansom, Israël Zangwill, Yvonne Escoula (seule présence féminine dans ce recueil), Robert Crégut & Loys Masson, Noël Calef, Henri Avelot.
Le livre est illustré de gravures sur bois de Roberto Valturio (1555) qui sot remarquables.
Enfin, chaque texte est suivi d’une notice présentant l’auteur et son œuvre, ce qui permet d’en savoir immédiatement plus (et en profondeur) sans devoir quitter l’ouvrage pour se jetter sur le premier moteur de recherche venu et perdre ainsi un temps précieux, interrompant cette agréable lecture… qui se veut également chemin d’aventures, de découvertes et de rencontres.

oOo

Bien entendu, le premier texte qui a retenu notre attention (et pour ne pas le cacher, nous a fait commander cet ouvrage) est celui signé Hans Fallada : « Je cherche mon vieux ».
La traduction a été réalisée par Marie Bouquet, qui a su bien rendre l’atmosphère et le ton gouailleur du narrateur, un jeune marginal qui raconte à un juge qui l’accuse de vol pourquoi il n’a pas volé cette bicyclette. Résumer cette nouvelle est difficile – j’aurais trop peur de trop en dire. Mais on retrouve dans ce court récit (16 pages) l’atmosphère des romans : de petites gens, plutôt paumés, des familles désunies, des mœurs parfois dissolues… Et puis, pour se débrouiller : le maraudage, la rapine et pour oublier : l’alcool… thème récurrent chez Hans Fallada [2]. Le ton du récit est haletant – on imagine le narrateur pressé d’en finir mais se perdant dans les détails malgré tout, peut-être parce qu’il n’a jamais rencontré d’oreille attentive au cours de son enfance et il rattrape le temps perdu, fut-ce avec un juge !
La traductrice, Marie Bouquet, signe également la notice qui présente la vie et l’œuvre de Hans Fallada, apportant également des détails nouveaux (aux lecteurs francophones en particuliers). L’abondance des références, la description d’œuvres peu connues (comme le roman du prisonnier, par exemple) montre que Marie Bouquet ne s’est pas contentée de compiler quelques bribes mais a réalisé un fort beau texte – très dense – sur cet auteur que nous aimons tant.
Félicitons donc la traductrice pour son travail (et sa générosité) et les Editions MTL d’avoir « augmenté » la bibliographie française de Hans Fallada.

Comme nous aimerions qu’ils n’en restent pas là, il y a encore tellement de grands textes à traduire : ‘Damals bei uns daheim’ ; Heute bei uns zu Haus’ ; ses œuvres de jeunesse, son journal sans oublier son récit de prisonnier ‘Strafgefangener, Zelle 32 – Tagebuch 22. Juni – 2 September 1924’… et bien d’autres que j’oublie ici.

Alain C. (Avril 2008)

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Editions Monsieur Toussaint Louverture
26, rue de l’Etoile – 31 Toulouse
www.monsieurtoussaitlouverture.net


1 - Howard Philips Lovecraft – Epouvante et surnaturel en littérature (Union Générale d’Editions, Coll. 10/18, Paris, p. 113)

2 - Nous ne désespérons pas de trouver le temps de faire une recension des passages relatifs à l’alcool dans les romans de Hans Fallada (car certains sont rendent très bien cette sensation de malaise liée aux mauvais réveils les lendemains de cuite sévère… qui n’a jamais connu ça !)

17:44 Publié dans Recensions | Lien permanent | Commentaires (0)