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05/02/2012

Un petit cirque appelé Monte

Avant-propos à : Hans Fallada, Levée de Fourches, Roman, Traduit de l’allemand par Édith Vincent, Collection Les maîtres étrangers, Paris, Fernand Sorlot, 1942

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Avant-Propos

 

UN PETIT CIRQUE

APPELé MONTE

 

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I

Un jeune homme dévale la Burstah. Tout en courant il jette des regards courroucés sur les étalages des nombreux magasins de cette rue principale d’Althom.

Ce jeune homme, âgé de 25 ans environ, marié et assez bien de sa personne, porte un pardessus noir élimé, un feutre noir aux larges bords et des lunettes à monture noire.

Bien que la Burstah soit la Broadway d’Althom, elle n’est pas longue. En trois minutes notre personnage arrive à la dernière maison et débouche sur la place de la gare. Il crache vigoureusement, et, après cette dernière manifestation de colère, s’engouffre dans la maison de la Chronique poméranienne pour Althom et ses environs [1], feuille locale destinée à tous.

Derrière le comptoir d’expédition une dactylo désœuvrée cherche à dissimuler le manuscrit d’un roman feuilleton. Elle y renonce en voyant qu’il s’agit seulement de Tredup [2], l’agent de publicité.

Celui-ci jette un chiffon de papier sur la table.

                    Voilà ! C’est tout. Donnez-le à la composition. Les autres sont-ils là ?

                    Où seraient-ils ? répartit la belle. Est-ce que cela vous est payé ?

                    Naturellement pas. Avez-vous déjà vu un singe vous payer une annonce ? Elle coûte neuf marks. Le patron est-il déjà descendu ?

                    Le patron est plongé dans ses recherches depuis cinq heures.

                    Que Dieu le protège ! Et sa femme ? Saoûle ?

                    Sais-pas. C’est probable. Fritz a dû aller lui chercher à cinq heures une bouteille de cognac.

                    Alors tout va bien. Dieu, que je suis las de cette écurie ! Sont-ils là ?

                    Vous me l’avez déjà demandé.

                    Ne vous énervez pas, Clara, Clairette, Claireton. Je vous ai vu sortir de la grotte cette nuit à minuit et demi.

                    Si je devais vivre de mes appointements…

                    Je sais, je sais. Le chef a-t-il de l’argent ?

                    Certainement pas.

                    Et Wenk, a-t-il quelque chose en caisse ?

                    Le cinéma du lac a payé hier soir.

                    Alors je vais prendre une avance. Il est là ?

                    Je le crois. Vous me l’avez…

                    Déjà demandé. Réservez-moi plus qu’une valse ma douce amie. N’oubliez-pas l’insertion.

                    Mon Dieu. La belle affaire !

 
(à suivre...)


[1] Dans la réalité, ce journal est le « General-Anzeiger für Neumünster ».

[2] Tredup, c’est Rudolf Ditzen lui-même.

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