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18/10/2009

Du superflu et du nécessaire

Du superflu et du nécessaire [1]

Par Hans Fallada

August 7, 1941

 

Par une calme soirée de l'année de guerre 1941, quelques hommes et femmes discutaient ensemble autour d'une table blanche sur les bords d'un grand lac. Il avait fait très chaud pendant la journée et ils appréciaient d'autant plus la douce brise qui montait de l'eau et tournoyait entre leurs pieds. Pas un seul d'entre eux ne pouvait se résoudre à dire bonne nuit et à aller se coucher. Ils étaient venus rejoindre dans cette maison de campagne tranquille, certains sur invitation, d'autre par hasard, leur hôte et hôtesse et, après le bruit et l'agitation de la ville d'où ils venaient, goûtaient d'autant mieux la profonde tranquillité émanant de ce calme petit coin de campagne. « Comme c'est agréable », dit l'un des invités, le Conseiller juridique d'une grande entreprise berlinoise, tandis qu'il posait doucement sa main sur celle de son hôtesse, « qu'en pleine guerre, vous puissiez vivre dans une si profonde tranquillité et un calme si profitable, et dans une telle sérénité, que vous pouvez la partagez avec nous autres, citadins agités, sans que vous ayez le sentiment de la voir un tant soit peu amoindrie. De quoi manquez-vous ? Les choses pour lesquelles nos femmes doivent faire la queue pendant des heures vous les avez gratuitement dans votre jardin, votre ferme, et votre grange laitière, chaque fois que vous en avez besoin. Quand les sirènes d'alertes aériennes interrompent notre précieux sommeil pour nous envoyer vers les caves, vous vous continuez à dormir. Je me demande même si vous avez jamais eu une alerte d'attaque aérienne ici. »

  « Non », dit l'hôtesse, « nous n'en avons pas encore eu une. Mais, mon cher ami, je crois que vous jugez nos vies ici un peu trop selon les apparences. Une heure durant laquelle nous pouvons nous asseoir ensemble tranquillement comme ça est une occasion rare pour nous. Le jardin et le bétail qui, selon vous sont tellement magnanimes avec nous, nécessitent des soins et demandent à être nourris tous les jours. Ces heures que vos épouses passent dans les files d'attente des magasins, nous les passons dans le jardin à semer et à biner, à cueillir et à désherber, et par tous les temps, sous le chaud soleil comme sous la pluie. Tout comme vous, nous courrons du matin au soir pour faire les corvées. Mais avec une différence, le travail que vous ne finissez pas un jour donné peut être repris le jour d'après. Dans notre cas, les baies qu'on ne cueille pas à temps et l'herbe qu'on fauche trop tard, pourrissent ! »

 « Vous avez raison », dit le Conseiller, un peu honteux de lui-même, « j'ai parlé trop superficiellement - comme n'importe quel citadin ! J'aurais dû me rendre compte que l'apparence soignée et l'ordre que nous avons admiré aujourd'hui dans le jardin et les champs est le fruit d'une somme de travail colossale. Et cependant, l'effort pressant dont vous avez parlé ne peut se faire que durant l'été, c'est bien ça n'est-ce pas ? Durant l'hiver vous pouvez vous poser, complètement détendus, laissant l'orage et la neige au-dehors, et avoir tout le temps devant vous - quelque chose que nous, les gens de la ville n'avons jamais - pour vous-mêmes ou pour vos loisirs. »

 « Oh ! » dit la maîtresse de maison, presque passionnée, « Oh, j'aurais préféré que nous n'ayons pas eu ce calme temps mort, parce que vraiment c'est un temps mortel ! Nos occupations estivales me conviennent dix fois mieux ! Parce qu'alors vous pouvez oublier la solitude de cet endroit et combien est rare une heure comme celle-ci, où nous pouvons échanger quelques mots avec des amis proches ! Vous dîtes, mon cher ami, que cette guerre ne nous a demandé aucun sacrifice. Mais, si j'avais à vous dire ce qui me manque le plus, ce serait notre voiture ! Avant la guerre, quand le calme de l'hiver venait à trop peser sur nos nerfs, on pouvait aller en ville pour rendre visite à des amis. On pouvait faire part de nos opinions et faire le plein d'idées neuves. Maintenant, nous sommes toujours seuls. Depuis au moins sept mois, nous n'avons pas vu ou entendu âme qui vive. Nous sommes seuls, seuls, seuls ! Imaginez seulement, on ne va jamais au cinéma, on ne va jamais au théâtre pour chasser de nos esprits ces sombres pensées. Il y a dix kilomètres de notre ville à la gare et, durant l'hiver, les routes sont le plus souvent à peine praticables. De toutes les choses auxquelles nous avons dû renoncer, celle qui manque le plus est notre voiture ».

 Elle resta silencieuse pendant un moment et dit alors plus calmement, « Cela paraît lâche, mais de temps à autre, il vous faut vous échapper, échapper à vous-même et à vos problèmes. Ca n'a rien avoir avec nous en tant que couple », dit-elle en étendant la main par-dessus la table pour toucher celle de son mari. « Nous savons tous en quoi consiste la conversation dans les couples mariés : on se comprend mutuellement sans dire un mot. Mais on a besoin de temps en temps de parler, d'exprimer nos pensées - comme nous le faisons en ce moment. »

 Pendant une minute, ils restèrent assis-là écoutant le doux bruit des roseaux agités par un souffle d'air qui presque aussitôt allait disparaissant. Le pâle miroitement des étoiles éclairait juste assez la nuit sans lune pour que chacun puisse entr'apercevoir la silhouette des autres, mais pas plus. Ils parlèrent plus librement qu'ils ne l'auraient fait à la lumière du jour, quand chaque mouvement sur le visage des autres peut-être lu instantanément.

 « Revenons à la voiture", dit le maître de maison tandis qu'il libérait sa main de celle de sa femme. « Je me suis souvent demandé ce dont ma courageuse Suse pouvait manquer le plus dans cette guerre, ou même si elle manquait de quoique ce soit. Elle accepte tout ce que la vie lui procure, le bon et le mauvais, avec un tel prosaïsme que je me dis souvent qu'elle est totalement imperturbable. Et je découvre maintenant que c'est la voiture... Quant à moi, je dois admettre que cette guerre m'a appris que je suis complètement matérialiste. Je manque de tellement de choses que j'ai du mal à en faire la liste. En commençant par les cigarettes, en passant par mon café bien-aimé et en finissant par la viande. Au début j'avais du mal à décider quel manque me m'affligeait(*) le plus, mais je le sais maintenant. C'est la viande. »

 « Mais ce n'est pas possible, quand on a autant de fruits et de légumes ! ». "Et bien c'est toutefois possible! Je sais que c'est honteux, mais je dois reconnaître qu'il m'est arrivé de rêver la nuit d'un rosbif ou d'un énorme gigot d'agneau ! Quand je me réveille de ces rêves, je pense ardemment à ce temps où je pouvais prendre une pièce de viande dans le réfrigérateur et dans le matin tôt, alors que tout le monde dormait encore, je la mangeais à même la main - je mangeais de la viande à la façon qu'ont d'autres de manger le pain. Et même ainsi, cela pourrait être pire pour moi. Les femmes de la maison disent toujours qu'elles n'apprécient pas tant que ça la viande et me donnent leur part. Mais enfin, un grand nombre de petites portions ne font pas une vraie portion pour un sérieux mangeur de viande. Vous ne pouvez nourrir un lion avec des asperges ! [2]»

 « Vous êtes vraiment un matérialiste. Je n'aurais jamais pensé ça de vous. » « Il aurait été certainement beaucoup plus raffiné », admis le maître de maison, « si j'avais rêvé de tomates ou de pommes plutôt que d'un filet de bœuf. Mais on ne discute pas des goûts et des couleurs, et quand la viande me manque, ce n'est pas seulement un affaire de gourmandise. C'est plutôt que la viande me sied. Elle me donne de la vigueur et me rend créatif. Quand j'ai mangé de la viande, le travail va comme sur des roulettes. Tandis qu'avec un jour sans viande, la vie est beaucoup plus difficile et devient plus ennuyeuse. Aussi puis-je dire catégoriquement que la viande me manque réellement, tandis que le tabac et le café sont plus comme de jolis ornement dont je peux aisément me dispenser. »

 « Oui », dit dans l'obscurité le corpulent neurologue, « les choses dont les gens se persuadent être indispensables à leur existence sont stupéfiantes. Il y a deux semaines de ça, une patiente m'a harcelé pour que je certifie que les bas de soie étaient nécessaires à sa santé, et en grand nombre en plus. Elle est maintenant si fermement convaincue qu'elle ne peut être vue de personne sans qu'elle ne porte des bas de soie, qu'elle a développé un sérieux complexe à ce sujet... »

 « Et allez-vous lui prescrire des bas, Docteur ?

 « Pas moi ! Après les bas il y aurait autre chose. Des chaussures, ou un manteau de fourrure, voire même de la crème fouettée. Non, je me suis réfugié derrière son mari et à nous deux on réalise un tel travail d'assistance sociale avec elle qu'elle oubliera tous ses complexes bien assez tôt. »

 « Et vous, joues joufflues, qu'est-ce qui vous manque le plus ? » dit la voix de l'artiste sortant de l'obscurité. « votre vin rouge ou vos cigares brésiliens ? »

 « Ni l'un ni l'autre », dit le docteur, riant de bon cœur. « C'est quelque chose de complètement différent, quelque chose que je n'aurais jamais pu prévoir, et quelque chose dont je ne peux même pas faire de réserves ! Oui, mes chers enfants, la chose qui me manque le plus est mon bain quotidien.

Le soir, quand les heures au travail et les rendez-vous avec les patients ont poussés les aiguilles jusqu'à onze heures ou minuit, et quand le peu de temps restant pour dormir a été probablement interrompu par une urgence médicale ou une alerte aérienne, je dois quand même me rendre au sanatorium au plus tard à neuf heures. Ca signifie que je dois être levé au plus tard à sept heures. Et que souhaiter de mieux, avec tout ce manque de sommeil et cette fatigue, que de prendre un bon bain dans le calme[ ?] Par le passé, je me suis tellement privé de sommeil que je pouvais rester allongé dans la baignoire pendant un assez long moment. Combien de fois, là, dans l'eau chaude, l'impénétrable devenait clair, le difficile simple, comme la vie devenait elle-même, d'une certaine manière, chaude et paisible. Quelle façon était-ce de commencer sa journée ! Et maintenant- ? Non, ce bain quotidien me manque terriblement! »

 « Je peux certainement comprendre ça ! » s'écria la vieille vieille fille, enthousiaste. « Bien sûr » continua-t-elle afin de s'expliquer, « je n'en suis jamais arrivé au point d'avoir ma propre baignoire. Mais j'ai toujours beaucoup apprécié les bons savons. Et, une fois en passant, quand il me restait un mark ou deux, je m'achetais des barres de savons que je rangeais dans l'armoire. Aussi maintenant j'ai l'immense et bonne fortune d'avoir toujours un vrai petit bout de bon savon. Et les dimanches matins je me lave avec très précautionneusement et vous pouvez imaginer combien je me sens endimanchée après ça. C'est presque comme si je retrouvais une nouvelle jeunesse. Ca doit être la même chose avec votre bain dominical, Docteur - vous pouvez certainement prendre un bain une fois par semaine, n'est-ce pas ? »

 « Oui, je peux », reconnu le corpulent docteur plein de remords, « en réalité même deux fois, parce que l'eau est habituellement tiède le dimanche. Je veux vraiment aussi m'améliorer et, comme vous appréciez votre petit bout de savon le dimanche, ainsi, dans mon bain, je ne veux pas penser à ces cinq jours pendant lesquels je ne peux prendre de bains, pour mieux apprécier ces deux jours où je peux encore en prendre. »

 « Moi », dis tranquillement le peintre, « dans cette guerre je ne manque rien tant que de la lumière. Vous ne pouvez imaginer combien triste me rendent ces villes lugubres et sombres, où dans leurs rues une masse grise de gens se presse silencieusement passant les uns devant les autres. Même quand je suis assis dans une pièce brillamment éclairée, dans une tentative pour échapper à cette obscurité déprimante, je ne peux parvenir à profiter du plaisir sans partage de la lumière. Tout ce que je vois c'est les rideaux du couvre-feu aux fenêtres, le plus souvent de couleur sombre. Je les fixe du regard et pense à l'obscurité dehors, une obscurité qui n'est pas l'obscurité naturelle, vivante, décorée d'étoiles, comme c'est la cas ici à la campagne, mais plutôt une luminosité morte, quelque chose d'éteint, et de mort. Les villes doivent être brillantes ! »

 Il resta silencieux un moment, puis il demanda, « Cela ne vous semble-t-il pas fantastique à vous tous que, il y a moins de deux ans en arrière, toute les villes irradiaient de clarté. Toutes les rues étaient pleines de lumières. Dans la plupart de ces rues il y avait tellement de lumière qu'il n'y avait plus d'ombres. La lumière ruisselait de la vitrine des magasins, la courbe des tubes des néons composant le noms des Compagnies étaient le plus souvent verts, rouges et bleutés ; toutes les vitrines étaient brillantes. Depuis ma fenêtre, je pouvais voir d'autres fenêtres ouvertes. Je pouvais voir les gens tourner en rond dans leurs chambres, se parlant les uns aux autres, et au-dessus de tout cela étaient ces enseignes publicitaires lumineuses tournants sur les toits et une bouteille de champagne déversait des perles de lumière sans jamais se vider. Comme chacun s'identifiait intimement avec le peuple, et quelles communautés étaient créées par ces ponts dorés que les réclames lumineuses créaient. Maintenant, tout le monde reste terré seul avec lui-même et, comme de méchants conspirateurs, nous allons furtivement, silencieusement dans l'obscurité. La lumière, et seulement la lumière, est la chose qui me manque le plus ! »

 L'artiste restait silencieux, mais la jeune fille dit rapidement, « j'aimerai vraiment pouvoir à nouveau sortir avec des jeunes gens et danser jusqu'au petit matin. J'aime discuter avec eux, rire, flâner, flirter... et j'aimerais - oh, un millier de choses ! J'aime simplement être jeune et pleine d'entrain - et pour ça on a besoin de jeunes gens! Oui, ils sont quelquefois ici en permission, mais alors ils ne sont pas vraiment avec nous. Ils sont toujours à penser à « là-bas » et on a beau être au milieux de la plus belle amourette, quand la nouvelle arrive, ils sont mentalement quelque part ailleurs. Comme s'ils étaient assis sur leur char, à cinq cents kilomètres d'ici, plutôt que sur un joli sofa confortable dans le café proche de chez nous ! Non, je me fiche éperdument de ce dont vous avez parlé, vous les anciens. Ce que je veux, à la fin, c'est, une fois encore, de pouvoir vraiment rire avec des jeunes gens ! C'est ce dont j'ai besoin et de rien d'autre ! »

 Ils furent tous un peu ranimés par ces paroles brillantes et enthousiastes. Ils sourirent, et entendirent dans cette jeune et fraîche voix leur propre jeunesse enfuie appelant au loin.

 Alors, la vieille fille très âgée, sur un ton presque jaloux dit, « Mon Dieu, Tilde, comme vous les jeunes filles l'avez belle aujourd'hui. Le genre de chose que vous venez de dire on ne pouvait même pas y penser, encore moins le dire ouvertement ! Jeunes gens - juste ciel, si facilement au pluriel ! Au plus étions-nous autorisée à penser à un seul et alors on engageait sérieusement la discussion sur les fiançailles - et il avait déjà une moustache et des favoris ! ».

 « Naturellement », répondit effrontément la petite Tilde. « Et, parce que la sélection était ainsi tellement limitée, vous n'avez pas eu votre part Tante Agathe. Voilà pourquoi je préfère notre méthode ! »

 « Moi aussi, Tilde, moi aussi » dit la vieille tante. « Sinon qu'avec mes 82 ans, il est un peu tard pour moi, ne penses-tu pas ? »

 Tous rirent. Mais, quand le calme revint à nouveau, le Conseiller dit, « Maintenant nous avons tous dit ce qui nous manquait le plus dans cette guerre. Tous excepté vous Madame Veronika, qui êtes resté absolument silencieuse. Faites votre confession vous aussi ! » Qu'est-ce que c'est, est-ce que ça ce mange, ou ça se boit ? Est-ce un bain ? Des habits, des bas ? Aller danser, le théâtre, une voiture? Ou autre chose?

 Ils attendirent tous. Alors, dans cette nuit éclairée par les étoiles, dans le chuchotement des roseaux, vint la douce et calme voix de Madame Veronika, « Non, il ne s'agit pas d'aucune de ces choses. Une seule chose me manque - et c'est mon fils qui se bat quelque part là-bas sur le Front de l'Est ».

 Tout était devenu très calme. Et, encore plus doucement qu'auparavant, la voix dit, « Quand je me réveille le matin, c'est toujours comme si je devais aller dans sa chambre pour m'assurer qu'il sera à l'heure à l'école. Bien sûr, il est allé directement de l'école à « là-bas ». Et alors je me reprends conscience de tout à nouveau, et je me mets à calculer combien de jours se sont écoulés depuis qu'il a écrit et qu'une lettre de lui doit arriver aujourd'hui. Et alors l'attente du courrier commence. Et, pendant ma journée de travail, et pendant que j'attends dans la queue devant les magasins, et quand j'obtiens quelque chose ou que je n'obtiens rien, je ne pense pas à ces petites choses mais je pense plutôt seulement au fait qu'il est là-bas combattant pour moi et pour tous les autres. Et alors je donnerai tout ce que j'ai et tout ce que je pourrai souhaiter, je donnerai tout pour qu'il apparaisse seulement devant-moi juste une fois, pour une seule minute, et qu'il dise à sa manière, 'Tout va comme il faut. Ca va le faire.' Et alors peut-être y aura-t-il vraiment une lettre de lui et je suis toujours heureuse ! Mais alors l'attente recommence à nouveau, même si je sais que la 'véritable' attente ne durera pas une autre semaine. Mais il me manque tellement ! Je sais que ça ne peut aller autrement, que ça doit être ainsi, mais ça ne fait pas qu'il ne manque moins, c'est normal, non ? »

 Elle se tut. Et pendant un long, long moment, ils furent tous silencieux. Alors la maîtresses de maison dit, « Naturellement, tu es la seule qui a raison, Vroni, et nous tous ici nous sommes comportés plutôt vilainement avec nos voitures, rosbif, bains et autres choses qui nous font défaut. Je ne sais pas ce que vous autres pensez, mais j'ai reçu une leçon et pas seulement pour ce soir. Bonne nuit à tous. C'était mon souhait d'apprendre une fois encore à faire la différence entre les grandes et les petites choses. Mais je suis probablement incorrigible - autant que vous autres ! »

oOo

 (*) Ce document a été transcris du manuscrit original par Erika Becker de la 'Hans Fallada-Archive', Carwitz. Certains mots n'ont pu être identifiés avec une certitude absolue. Il sont en italique dans le texte.

[Note du Traducteur (de l'allemand vers l'anglais) : dans la traduction, les mots en italiques (il y en a 5) ont été traduits avec le mot anglais le plus proche du mot allemand. Pour une identification plus précise de ces mots qui posent question, le lecteur doit se référer au texte original en allemand.]

Note du Traducteur (de l'anglais vers le français) : pour traduire ce texte en français, nous nous sommes basés sur la traduction anglaise, mais avons quelquefois eu recours au texte allemand pour adapter certains passages difficiles.

Traduction Allemand / Anglais par Otto Hinckelmann, 28 juillet 2008.

Traduction et adaptation Anglais / Français : Alain C. pour le weblog « Et puis après ? ».

[1] Original allemand : Vom Entbehrlichen und vom Unentbehrlichen. Disponible sur ce site : Original allemand, Traduction anglaise par Otto Hinckelmann.

[2]Cette description du « manque » de viande rappelle, par certaines descriptions comme : « quel manque me m'affligeait le plus » ; « Je sais que c'est honteux, mais je dois reconnaître qu'il m'est arrivé de rêver la nuit d'un rosbif ou d'un énorme gigot d'agneau ! » ; je pense ardemment à ce temps où je pouvais prendre une pièce de viande dans le réfrigérateur (...), je le mangeais à même la main - je mangeais de la viande à la façon qu'ont d'autres de manger le pain. » ; « Mais enfin, un grand nombre de petites portions ne font pas une vraie portion pour un sérieux mangeur de viande. » ; « (la viande) me donne de la vigueur et me rend créatif. Quand j'ai mangé de la viande, le travail va comme sur des roulettes. Tandis qu'avec un jour sans viande, la vie est beaucoup plus difficile et devient plus ennuyeuse. » font écho à des passages de la nouvelle « l'ivresse mortelle » (publiée également sur ce site) : « Mais quand je me réveillais ce matin-là face à face avec le Néant, je su seulement que je devais me procurer de la morphine à n'importe quel prix ! » ; « (...) je m'enfoncerai l'aiguille, sentirai la pression de la seringue et, alors, la vie sera magnifique. » ; Je me lève lentement, (...), mes membres sont faibles et tremblent sans cesse, mon assurance retrouvée s'est évanouie. » ; « Je découvre par inadvertance dans mon horoscope qu'aujourd'hui sera un jour de malchance. » Et après avoir reçu une injection de morphine : « La vie est magnifique. C'est tellement doux (...) »

Cette description du 'manque' revient souvent dans les romans au sujet de l'alcool, la drogue n'étant évoquée que dans le roman « Le Cauchemar » (si l'on s'en tient aux ouvrages publiés en français). Mais jamais la descente aux enfers n'est aussi bien évoquée que dans le roman « Le buveur », poignant récit, écrit comme s'il était vécu de l'intérieur et qui dépasse en intensité tous les autres romans de Hans Fallada. [NdT]

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